C'est que tout ne va pas pour le mieux dans le monde du travail à l'heure où le souffle du libéralisme balaie les espaces économiques nationaux. Cette année encore, l'Algérie a fait dans l'improvisation pour célébrer la fête du Travail. En réalité, le mot fête, dans la conjoncture à laquelle sont confrontés les travailleurs dans notre pays, n'est pas précisément celui qui devrait désigner un tel jour. C'est sans doute la raison pour laquelle, plutôt que les prodigieux défilés hauts en couleur traditionnellement organisés pour la circonstance, on a multiplié les manifestations sectorielles, plus riches en symboles et signaux d'alarme qu'en allégresse. C'est que tout ne va pas pour le mieux dans le monde du travail à l'heure où le souffle du libéralisme balaie les espaces économiques nationaux. A l'heure où l'on s'apprête, sans état d'âme, à faire subir à des centaines de milliers de travailleurs, comme on l'a fait subir aux centaines de milliers qui les ont précédés, les morsures de ce “mal nécessaire” appelé chômage. Il y a pourtant un trait particulier au Premier mai de cette année : il intervient à moins d'un an du terme du mandat du président Bouteflika. Il est évident que cet élément est en relation directe avec ce qu'on peut qualifier de reprise de dialogue entre le représentant des travailleurs et le chef de l'Etat dont on sait qu'il postulera un second mandat. En effet, la rupture de communication entre les deux hommes, causée par l'obstination de l'un à mettre en œuvre une politique de privatisation éminemment et directement préjudiciable à la catégorie de citoyens dont son protagoniste a mission de défendre les intérêts était lourde d'implications au chapitre électoral. Néanmoins, ce semblant de rétablissement de contact ne signifie en aucune façon que le péril qui plane sur l'emploi soit levé. Il s'en faut de beaucoup car, entre la marche forcée vers l'économie de marché conduite par l'équipe du Président et la volonté d'épargner à l'économie algérienne un bradage annoncé, clamée et mise en pratique par le responsable du premier syndicat du pays, il y a cette sorte d'incompatibilité absolue qui n'admet, au mieux, qu'un sursis. M. A.