Pour le ministre de l'Energie et des Mines, le potentiel richesses hydrocarbures reste important. Mais la croissance de la population et la montée des besoins locaux rendent impérative une stratégie de sortie de l'économie nationale, du statut de mono exportateur et du développement d'alternatives aux énergies fossiles. Le ministre de l'Energie est revenu sur l'état des réserves de brut de l'Algérie au cours de la conférence-débat organisée mercredi par le MDI donnée par le premier responsable du secteur sur les changements structurels dans les marchés pétroliers et gaziers dans le monde et leur impact sur l'Algérie. “Il y aura toujours du pétrole en Algérie lorsque nous décéderons”; a-t- il conclu. Autrement dit, les réserves de brut peuvent durer 30 à 40 ans. On disait qu'il n'y aura pas de pétrole en Algérie en 2000. Or, les réserves de pétrole à cette échéance étaient équivalentes à celles de 71. Plus d'1 milliard de tonnes de réserves prouvées récupérables. Une étude de la société SN Repal disait dans les années 60 qu'il n'y aurait plus de pétrole dans les années 70. On prédisait dans les années 70 qu'il n'y aurait plus de pétrole dans quelques années. Le ministre a rappelé que lorsqu'il était président du groupe Valhyd, il avait prévu le développement d'In Salah, de Ghadamès appelé Berkine aujourd'hui. Ce plan de valorisation des hydrocarbures concocté à l'époque de Boumediène avait établi des prévisions sur 30 ans de 70 à 2003. Il prévoyait des raffineries. On disait en ce temps pourquoi prévoir des raffineries alors que l'Algérie n'allait plus produire de pétrole. Le président du groupe Valhyd sortait alors cette étude en guise d'argument. En fin de compte, ce plan a été gelé à l'époque de Chadli Bendjedid, réactivé dans les années 90 et développé dans les années 2000. Ce qui explique le retard de la pétrochimie et une capacité de raffinage en stagnation. Ceux qui disaient que l'Algérie n'allait plus avoir de pétrole, n'avaient pas prévu en fait le développement de nouvelles technologies permettant de mettre au jour des réserves inaccessibles auparavant. La sismique 3 D permet aujourd'hui de mieux voir les réservoirs de pétrole. On n'avait pas les forages horizontaux qui permettent d'aller vers des zones compactes. Hassi- Messaoud sera là lorsque nous décéderons. La technologie apporte des solutions Elle permet le développement de nouvelles réserves, a-t-il argué. Le ministre a cité le cas de la compagnie brésilienne Petrobas qui grâce à la technologie du forage profond a découvert de nouvelles réserves dans les eaux territoriales du Brésil, inaccessibles auparavant. Prix du pétrole entre 80 et 90 dollars le premier trimestre 2008 À propos de l'évolution des prix du pétrole, il a indiqué en marge de la conférence qu'elles se situeront entre 80 et 90 dollars le baril d'ici un mois. Autrement dit, la moyenne trimestrielle des prix du baril se situera dans cet intervalle. Les perspectives restent incertaines pour l'année, a-t-il répondu au cours du débat. Plusieurs paramètres penchent pour le maintien de prix élevés tels que les facteurs géopolitiques. D'autres laissent supposer que les prix du pétrole vont baisser. Le ministre de l'Energie a cité à ce propos la déclaration récente de l'ancien gouverneur de la Federal reserve alan greespan selon laquelle l'économie américaine est proche de la récession. Et si l'économie américaine entre en récession, c'est l'Europe qui sera touchée. La demande de pétrole va baisser et les prix du baril vont chuter. À une question du président du forum des chefs d'entreprise Reda Hamiani sur le placement des réserves de change suggérant de les placer comme dans les pays du Golfe dans des fonds souverains qui donnent des rendements jusqu'à 12% Chakib Khelil a répondu que cette option était intéressante tout en affirmant que la Banque d'Algérie gère assez bien le matelas de devises. Levée de boucliers sur l'accès de Sonatrach au marché européen Sur l'internationalisation de Sonatrach, le ministre a confié que la prise de participation de Sonatrach dans la compagnie espagnole Cepsa a soulevé une levée de boucliers, en Espagne. Qui a donc fait capoter le projet. L'accès au marché européen reste contraignant pour Sonatrach alors que ces pays se disent libéraux. Pour entrer dans le terminal de regazéification de Montoir en France, Sonatrach a dû faire jouer un levier de négociation une prise de participation de GDF dans Medgaz en contrepartie de l'accès au marché français. À noter que sa communication portait sur les tendances globales du marché et sur la stratégie nationale adoptée actuellement. Les réserves mondiales de pétrole de gaz sont suffisantes pour couvrir les besoins mondiaux pendant plusieurs décennies. La stratégie du secteur via Sonatrach est entre autres de diversifier son portefeuille, d'en faire un groupe énergéticien qui s'occupe de dessalement d'eau, d'électricité, d'énergies renouvelables, de valoriser ce portefeuille en aidant le pays à se procurer des ressources supplémentaires hors hydrocarbures à travers notamment le développement du secteur minier. N. Ryad