Les Etats-Unis ont clairement affiché leur intention de ne pas associer à la transition en Irak l'ONU et les pays qui se sont opposés à la guerre. La décision de mettre en place une force de stabilisation internationale sous le commandement des coalisés, et à laquelle prendront part les six pays ayant soutenu le recours à la force pour “désarmer l'Irak”, met fin à toutes les spéculations sur la gestion de l'Irak de l'après-guerre. L'ONU et les pays qui ont bloqué la tentative américaine d'obtenir le feu vert du conseil de sécurité pour attaquer l'Irak sont exclus de la transition. L'administration Bush va jusqu'au bout de sa logique et met à exécution ses menaces de priver du “gâteau” tous ceux qui ont refusé d'accepter sa vision de la question irakienne. Dans ce cadre, une conférence sur l'Irak est prévue le 8 ou le 9 mai courant à Londres et regroupera uniquement les pays appelés à faire partie de la force internationale de stabilisation. L'Irak sera divisé en trois secteurs militaires qui seront placés sous le commandement des Américains, des Britanniques et des Polonais. Les troupes seront fournies par l'Espagne, l'Italie, le Danemark, la Bulgarie, les Pays-bas et l'Ukraine, dans l'attente d'autres propositions. Cela permettra aux Américains de réduire leurs effectifs sur les lieux, qui passeraient de 132 000 à 30 000 soldats à l'automne, et de montrer surtout à travers cette présence militaire diversifiée qu'il s'agit seulement d'une gestion internationale temporaire de la sécurité en Irak et non d'une “occupation” de ce pays, comme le pensent un certain nombre d'observateurs. Néanmoins, le fait de ne pas associer les nations unies à cette opération constitue une preuve supplémentaire de la détermination américaine à faire cavalier seul dans la reconstruction de L'Irak. Pendant ce temps, l'équipe du général Jay Garner s'attelle à “modeler” l'Irak conformément aux souhaits de la maison-blanche. Sur le terrain, la situation est loin d'être brillante, à en croire les déclarations du nouveau coordinateur humanitaire des nations unies, Ramiro Lopez Da Silva, qui affirme : “les conditions d'un désastre humanitaire persistent encore.” Selon lui, près des deux tiers de la population irakienne dépendent toujours de l'aide humanitaire. Entre-temps, George W. Bush annonce depuis son ranch du Texas que la découverte des armes chimiques, raison officielle du déclenchement de la guerre contre l'Irak, n'est qu'une question de temps. “Nous les trouverons, ce n'est qu'une question de temps”, a-t-il dit. Le président américain tire profit de la guerre en Irak pour maintenir sa popularité, en baisse en raison de la gestion économique qui laisse à désirer. C'est ce qui ressort d'un sondage à paraître aujourd'hui dans l'hebdomadaire Newsweek. 65% des Américains ont une opinion favorable de Bush de manière générale. Il a perdu six points en une semaine pour la façon dont il gère la lutte contre le terrorisme sur le territoire américain et pour la conduite de la crise irakienne. Par ailleurs, 45% seulement des Américains sont satisfaits de la politique économique de Bush. K. A. Tarek Aziz refuse de collaborer L'ancien vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, qui s'est rendu aux Américains “n'a pas encore appris à dire la vérité”, a déclaré samedi le président américain George W. Bush depuis son ranch de Crawford (Texas, Sud). “Tarek Aziz ne sait pas encore comment dire la vérité”, a déclaré M. Bush à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre australien John Howard. “Il ne savait pas comment dire la vérité quand il était en fonctions, il ne sait pas dire la vérité en tant que prisonnier”, a ajouté le président américain. Tarek Aziz s'est rendu le 24 avril aux forces de la coalition.