Des engins utilisés pour labourer les champs en milieu rural sillonnent les artères de la ville pour livrer de l'eau en milieu urbain. Pas moins de 23% des tracteurs immatriculés à Bordj Bou-Arréridj ont été détournés de leur vocation première. En raison du mauvais état général des routes, de leur étroitesse et de l'importance du trafic, en particulier les poids lourds, une grande prudence est recommandée à Bordj Bou-Arréridj. Les véhicules à vitesse réduite (tracteurs, engins agricoles, industriels ou des travaux publics), également nombreux, engendrent des manœuvres dangereuses sur des routes très sinueuses. La nuit tombée, l'absence d'éclairage et de marquage au sol, les mauvaises conditions météorologiques fréquentes et l'imprudence des conducteurs, augmentent les risques dans des proportions élevées. Enfin, ce qui est qualifié, à tort ou à raison, d'exode des tracteurs, rend la circulation très difficile et même dangereuse. En effet, des engins utilisés, comble de l'ironie, pour labourer les champs en milieu rural, sont devenus l'unique livreur d'eau en milieu urbain, en l'absence d'une solution qui peut mettre un terme à cette imprudence lourde de conséquences. Exploitant cette situation de crise, plusieurs paysans ont vite sauté sur l'occasion pour investir un terrain laissé libre par la commune. Ils ont délaissé leurs champs pour s'occuper de la distribution de l'eau par des tracteurs citernes, dont le nombre ne cessent d'augmenter pour atteindre le chiffre de 1 200 engins de ce type. Le parc de la wilaya, en 2006, comptait plus de 5 103 tracteurs agricoles. Autrement dit, 23% des tracteurs immatriculés à Bordj Bou-Arréridj sont détournés de leur vocation première pour se redéployer dans la distribution de l'eau potable. Ils patrouillent quotidiennement, dans une grande confusion, l'ensemble des quartiers de la ville, non sans encombrer le centre-ville, pour vendre l'eau. Ils sont devenus ainsi le parfait témoin d'une situation de décadence caractérisée. Il faut dire que cette crise est devenue une source de profit pour les propriétaires de tracteurs qui, en l'absence d'un quelconque ordre dans le commerce qu'ils ont inventé, usent et abusent de leurs engins qui bloquent le plus souvent la circulation dans une ville déjà encombrée. Ils roulent sans feux ni freins et même sans permis de conduire. Seuls les réflexes d'une conduite rurale sont à l'ordre du jour. Ces tracteurs avec leurs citernes sont encore un fardeau de plus pour la circulation déjà gênée par un trafic routier des plus denses. Les propriétaires de ces engins ruraux, dans leur grande majorité, comprennent bien qu'ils doivent, non seulement appliquer la loi, mais aussi être capables de se rendre compte de la gêne qu'ils peuvent occasionner à autrui. Certains, cependant, se croyant sans doute seuls usagers, s'arrogent le privilège de ne pas respecter ces règles. Devant cet état de fait, des contrôles doivent être effectués et les sanctions qui en découleraient seraient appliquées sans indulgence. Chabane Bouarissa