Les terroristes portaient des tenues de gardes communaux et de gendarmes. Neuf personnes ont été assassinées, dimanche en fin d'après-midi, par un important groupe terroriste, près de Aïn Kechra, dans le massif de Collo, à 75 km du chef-lieu de la wilaya de Skikda. Les victimes — sept gardes communaux, un policier exerçant dans la wilaya de Jijel et un civil, des pères de famille pour la plupart, l'un d'eux s'est marié il y a près de deux mois alors que l'autre victime venait juste d'avoir un enfant et était partie ramener sa femme — rentraient chez elles à H'jar Mefrouche, un petit douar situé à une dizaine de kilomètres de Aïn Kechra. Il était presque 14 heures quand le groupe terroriste a dressé son faux barrage sur l'axe routier menant de Aïn Kechra à H'jar Mefrouche, au lieudit Fej M'khaba. Ce n'est que vers 19 heures que les rescapés ont été relâchés. Les neuf victimes, passées à l'arme blanche avaient été laissées sur place, deux d'entre elles ont été évacuées vers l'hôpital de Tamalous vers minuit, les sept autres n'ont été retrouvées que le lendemain matin pour être acheminées, vers 11h30, à la morgue du même hôpital, situé à 21 km. Devant le portail d'entrée de cette infrastructure hospitalière s'aggutinait une foule en émoi. Les dangereux criminels avaient incendié trois véhicules et comptaient miner l'endroit ainsi que les cadavres de leurs victimes. Leur plan d'attaque était diabolique. Les terroristes, habillés en tenue de gardes communaux et de gendarmes avec tout leur fatras, laissent croire à un vrai barrage. Les criminels, au nombre de quatre à six, arrêtaient les automobilistes qu'ils dirigeaient ensuite vers un sentier en voie de garage, perpendiculaire à l'axe routier. C'est là qu'ils parquaient les véhicules venant des deux sens, après avoir fait descendre les occupants qu'ils mettent à plat ventre, pour les fouiller et les délester de leurs biens. Une vingtaine de véhicules est ainsi tombée dans ce guet apens, racontent certains rescapés. Parmi le groupe terroriste, quatre à six individus avait pour rôle de barrer la route, deux, encagoulés, étaient chargés de reconnaître et de dénoncer les militaires ou autres éléments du corps sécuritaire, dont les neuf victimes qui étaient aussitôt dirigées vers le bas de la route où se trouvaient les autres accolytes, une vingtaine. Selon les dires, les bourreaux étaient là à attendre pour effectuer leur sale besogne. Les neuf personnes sont toutes égorgées froidement et ont toutes un lien de parenté ou des alliances entre elles. Parmi celles-ci, il y avait deux membres de la famille Boukeloua, un oncle et son neveu, deux autres membres de la famille Mefrouche, trois Boughagha, Khoualed et Himour. Dans le taxi qui nous ramène à travers la route sinueuse de Stalha en direction de Aïn Kechra, l'un de nos accompagnateurs, un jeune habitant qui travaille à Skikda et rentrant chez lui à H'jar Mefrouche pour la circonstance, nous déclare : “Nous sommes victimes de la géographie, de l'histoire et du terrorisme !”, allusion faite à la nature très accidentée de cette région enclavée et reculée de la wilaya, oubliée par les responsables qui n'ont pas pris en considération le développement de cette zone historique, qui a pourtant joué un grand rôle lors de la Guerre de libération, et victime du terrorisme qui a endeuillé beaucoup de familles de cette partie de la wilaya de Skikda touchée de plein fouet par ce phénomène. A. B.