Les pilotes maritimes vont saisir bientôt le ministre des Transports pour l'interpeller sur leur situation sociale et les raisons de l'absence d'un statut particulier. Le "manque de considération" à l'égard de cette catégorie a découragé plus d'un et créé une hémorragie, poussant des pilotes à "'exode" vers les pays du Golfe, qui les apprécient à leur "juste valeur". Par ailleurs, la mise en œuvre, pendant ces dernières décennies, des réformes dans le secteur portuaire et la réorganisation qui en a résulté à travers, entre autres, la distinction des dix ports existants en ports principaux et secondaires auraient eu les effets contraires, en aggravant “les disparités des salaires” des pilotes maritimes, alors que “les critères de recrutement sont identiques pour tous les ports algériens”. Seulement, les reproches ne s'arrêtent pas à cette différenciation entre les ports de “première zone” et ceux de “seconde zone” ni aux discriminations dans les traitements mensuels, puisque, à titre indicatif, la vingtaine de pilotes de l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal) perçoit un salaire de base de près de 29 000 DA, c'est-à-dire bien en deçà de celui perçu par leurs collègues, notamment d'Arzew et de Skikda. De l'avis de ces professionnels de la navigation maritime, leur situation date en fait des années 1970, depuis la création de l'Office national des ports (ONP), lequel avait pris la décision politique d'algérianiser les stations de pilotage, jusque-là détenues par des pilotes étrangers et “dont les salaires valaient le triple de ceux des pilotes algériens”. Ils informent avoir adressé “moult revendications salariales” à leurs entreprises respectives, des revendications “qui n'ont reçu aucun écho favorable pour un salaire décent”. Et, contrairement à l'espoir né au lendemain de la fusion entre l'ONP et la Société nationale de la manutention (Sonama), celle-ci aurait exclu, voire “enterré définitivement la fonction de pilote maritime”. Même si le corps de la marine marchande est régi par des dispositions particulières, autres que la loi 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail, comme d'ailleurs les dirigeants d'entreprises ou les personnels navigants des transports aériens, il relève que les partenaires sociaux, issus de la fusion ONP/Sonama “ont toujours fait valoriser les salaires des pilotes maritimes par dockers interposés”. Aussi, pour mettre fin à la “situation dangereuse pour le bon fonctionnement des ports”, la centaine de pilotes maritimes en activité dans les ports d'Algérie avance une plate-forme de revendications demandant particulièrement un statut particulier, un salaire de base de 150 000 DA, un plan de carrière et des primes (de veille, de suggestion et de responsabilité). Par sa connaissance des installations portuaires, sa formation aux spécificités du port (dangers, courants, bancs de sable, etc.) et son expérience pour assurer le passage du navire de la mer au port, le pilote maritime est, pour rappel, chargé d'aider le capitaine d'un navire lors de l'arrivée, du départ ou des mouvements de celui-ci dans les ports, en un temps record et dans les meilleures conditions de sécurité. Pourtant, les entreprises portuaires arrivent difficilement, ces dernières années, à recruter ou à maintenir le personnel des pilotes. Cette situation est reconnue par la tutelle. En septembre 2007, la direction de la marine marchande a décidé d'engager “dans les meilleurs délais” l'élaboration d'un statut particulier de cette catégorie de personnel, justifiée par “le niveau de qualification des pilotes” et “les missions” dévolues à ces derniers, y compris en matière de “sécurité”, de “sûreté”, de “protection de l'environnement” ou de “l'état des ouvrages portuaires”. Quel sort a été réservé au “groupe de travail” mixte censé préparer le statut particulier ? H. Ameyar