Le ton menaçant auquel a eu recours la tutelle dans le but de casser la grève n'a fait que mobiliser davantage les personnels hospitaliers, gonflant ainsi les rangs des contestataires. Carton plein pour la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique qui ont occupé le train par leur mouvement de contestation. Hier, encore, à leur dernier jour de grève, les fonctionnaires ont démontré leur détermination en boycottant tous les secteurs publics et cela en dépit des pressions et de certains dépassements exercés par les ministères. Comme il fallait s'y attendre, le ton menaçant auquel a eu recours l'administration officielle dans le but de casser la grève n'a fait que mobiliser d'avantage le mouvement, gonflant ainsi les rangs des contestataires. Professeurs en médecine, docents, maîtres-assistants, praticiens, psychologues, enseignants supérieurs, professeurs de l'éducation nationale, travailleurs de l'administration et autres… n'ont pas oublié les propos du Chef du gouvernement les qualifiant “d'agitateurs” ; ils ont préféré répondre à ces déclarations, en se rendant très nombreux sur leur lieu de travail, observant des piquets de grève, des sit-in ou alors des AG. À l'unanimité, les propos des protestataires convergent vers le même sens. Ils estiment que les augmentations insignifiantes, dont parlent le Chef du gouvernement et le patron de l'UGTA, sont déjà absorbées par une inflation. “À quoi bon reconnaître le multi-syndicalisme, si au lendemain de chaque grève, le gouvernement opte pour des décisions répressives”, a déclaré M. Louklayad Ben Lamouri, secrétaire national chargé de l'information, lors d'une conférence de presse animée hier, au siège du Snapap. Il affiche, cependant, un optimisme démesuré, quant au taux de suivi qui était de 75% dans le secteur de l'administration à travers les 48 wilayas. Pour son secteur, le Snapap menace de reconduire le mouvement. Concernant la santé, même si le département de Amar Tou tend à solliciter systématiquement la justice, à travers le référé d'heure en heure, pour prononcer l'illégalité des grèves qui naissent dans son secteur, cela n'a pas pour autant, entraver la détermination des fonctionnaires qui ont tenu une AG au CPMC de l'hôpital Mustapha-Pacha à Alger. C'était une marée humaine qui était entassée à l'intérieur de l'amphithéâtre du CPMC afin de débattre de l'avenir du mouvement. En préséance d'un huissier de justice ainsi que de leur avocat Me Meziani, le responsable du syndicat des professeurs et docents ainsi que celui des maitres-assistants des sciences médicales ont relaté les derniers événements de leur affaire en justice tout en se félicitant du succès du mouvement dans le secteur de la santé. “Nous sommes ni des agités encore moins des agitateurs. Nous respectons la décision de la loi mais jusqu'à présent, rien ne nous a été notifié”, a déclaré le Pr Zidouni responsable du syndicat autonome des professeurs et docents des sciences médicales. Il dénonce, également, “l'excès de zèle” du ministère de la Santé qui a actionné la justice, dépassant ainsi ses prérogatives puisque les professeurs, les docents ainsi que les maîtres-assistants dépendent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. “Carton rouge pour l'excès de zèle pour le ministère de la Santé. Ces agissements dénotent le manque de concertation au sein du même gouvernement et que la décision d'aller en justice est une décision individuelle. Faut-il rappeler que l'ère de Staline est morte emportant avec elle la dictature”, a déploré M. Djidjli, porte-parole des deux syndicats des sciences médicales. Après plusieurs propositions, les 450 maîtres-assistants ainsi que les 160 professeurs et docents présents lors du rassemblement ont voté pour l'avenir de leur mouvement. En effet, 596 fonctionnaires de la santé ont approuvé la décision de reconduction de la grève à une date ultérieure, qui sera arrêtée en concertation avec la coordination des syndicats autonomes de la Fonction publique, tout en durcissant le ton et en boycottant tous les travaux et les rencontres avec les membres du département de Amar Tou, notamment le ministre lui-même. En signe de protestation contre la décision de la justice, les blouses blanches ont observé un sit-in après leur AG, devant l'administration de l'hôpital Mustapha-Pacha. Par ailleurs, il a été convenu entre la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique ainsi que l'Intersyndicale de la Fonction publique d'unir leurs forces et de converger vers une prochaine action commune, créant ainsi un pôle syndical pour faire aboutir leur revendication. Nabila Afroun