Le ministre saoudien du Pétrole, M. Ali Al-Naïmi, a estimé hier que le prix du baril de pétrole ne pourra chuter au-dessous du seuil de rentabilité des énergies alternatives compris, selon lui, entre 60 et 70 dollars le baril, dans une interview à la revue Pétrostratégies. “Il existe dorénavant une ligne sous laquelle les prix ne tomberont pas”, a souligné M. Al-Naïmi, se référant au “coût marginal de production des carburants alternatifs, que ce soit les biocarburants ou les sables bitumineux” dont le seuil de rentabilité est, selon lui, situé “entre 60 et 70 dollars”. “Si vous prenez en compte toutes les subventions qui entrent en jeu dans la production d'un baril de biocarburant, je doute que quiconque puisse gagner de l'argent dans cette activité avec un prix inférieur à 60 ou 70 dollars”, a-t-il ajouté, soulignant qu'une “ligne délimite dorénavant le niveau de prix sous lequel il ne peut chuter”. Il a rappelé que les biocarburants causent le renchérissement des denrées alimentaires et une augmentation des émissions de gaz à effets de serre lorsque, notamment, on convertit des forêts en zones agricoles. Sur ce point, M. Al-Naïmi, rejoint l'approche de nombreux experts, biologistes, notamment de l'Agence française de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), qui se sont alarmés du fait qu'avec le développement intensif et extensif des biocarburants “on brûle des forêts tropicales entières. Or, la déforestation, sous les tropiques, est la principale cause du réchauffement, bien avant les émissions de gaz de transports et de l'industrie”. De son côté, l'Institut français du pétrole a lui aussi prévenu que les énergies alternatives tirées de l'agriculture “ne pourront jamais se substituer aux énergies fossiles” car “la totalité des surfaces agricoles mondiales n'y suffiraient pas”. L'AIE (Agence internationale de l'énergie) s'est également montrée très critique sur ce dossier, recommandant dans un récent rapport sur l'énergie à l'horizon 2050, “l'arrêt des investissements nouveaux dans la production de biocarburants de première génération” en raison notamment des “coûts élevés”, et d'une utilisation importante des surfaces agricoles. Par ailleurs, M. Al-Naïmi a récusé la thèse d'un prochain Peak Oil, scénario d'un déclin irréversible des réserves mondiales des ressources fossiles. Le ministre saoudien a cité l'exemple de son pays dont le sous-sol n'est “pas entièrement exploré”. Il a estimé que l'Arabie Saoudite, grâce à la recherche de réserves additionnelles, pourra “ajouter 200 milliards de barils de réserves”.