Le massacre collectif auquel se livre l'armée israélienne contre les Gazaouis se poursuit dans l'indifférence internationale. Tout au plus se contente-t-on chez les puissants de ce monde capables de mettre fin à ce que les Palestiniens eux-mêmes qualifient d'holocauste de parler de réactions “disproportionnées” ! C'est tout juste si Israël n'est pas félicité pour son nettoyage, car dans ces capitales on prend soin de préciser que la réaction israélienne est motivée par les tirs de roquettes par les activistes du Hamas et que les morts civils, y compris les enfants, sont à inscrire dans le registre des accidents collatéraux. En gros, Israël ferait le travail qu'aurait dû faire l'Autorité palestinienne. Les Occidentaux ont même fait sciemment l'impasse sur le devoir de parrainage qu'ils s'étaient arrogés à Annapolis, lors de la Conférence internationale sur le conflit israélo-palestinienne organisé à l'initiative des Etats-Unis pour relancer le processus de paix et se porter garant de son déroulement. C'est, par ailleurs, l'ultime condition des Palestiniens qui avaient déjà estimé avoir trop concéder pour rien, absolument rien. Les Arabes dont l'unité n'est plus qu'un lointain souvenir s'étaient également rendus en force à la convocation de Bush pour prier ce dernier de ne plus laisser les Palestiniens livrés entièrement aux Israéliens. Le cri de désespoir du secrétaire général de l'ONU est, en soi, significatif de l'état d'abandon de la question palestinienne sur la scène internationale. Ban Ki-moon s'est tout simplement contenté de qualifier les nouvelles tueries israéliennes d'escalade profondément alarmante de la violence à Gaza et dans le sud d'Israël, avec un terrible bilan de victimes civiles ! Le Conseil de sécurité devait à la suite de ça “condamner” les violences à “Gaza et dans le sud d'Israël”, mettant sur un pied d'égalité David et Goliath. L'ambassadeur russe aux Nations unies, dont le pays préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, s'est contenté de mettre l'accent sur la nécessité pour toutes les parties de mettre fin immédiatement à tout acte de violence ! Moscou est accaparé par la succession de Poutine ! La présidence slovène de l'UE ne pouvait de son côté que condamner à son tour l'usage disproportionné de la force par l'armée israélienne en soulignant que de telles actions étaient contraires à la loi internationale. Comme les autres, pour les Européens, les Palestiniens n'ont qu'à s'en prendre à Hamas qui réveille la fureur israélienne. Cynique, l'Union européenne appelle Israël à faire preuve de modération et à éviter toute action mettant en danger des civils ! Les Occidentaux semblent tous attendre la position des Etats-Unis dont la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice sera aujourd'hui, 78 heures après les massacres, au Proche-Orient. La diplomate américaine essayera surtout de sauver la déclaration d'Annapolis malgré sa violation par Israël dont l'agression contre les Gazaouis a éloigné la perspective déjà auparavant affaiblie de la paix promise dans la banlieue de Washington. Elle doit convaincre au Caire la Ligue arabe puis demander à Abbas de revenir sur sa décision de geler les négociations avec son occupant avant de voir avec Olmert à Jérusalem, comment éteindre le feu avant que ne naisse et se propage une nouvelle Intifada. Le président de l'Autorité palestinienne n'a pas d'autre issue que de suspendre les discussions avec Israël, annulant la rencontre prévue cette semaine avec Olmert ainsi que des réunions prévues entre les négociateurs israéliens et palestiniens. Les dirigeant arabes, pour leur part, guettent avec anxiété leurs propres rues. Ils craignent que des manifestations populaires spontanées contre l'arrogance israélienne ne se retournent contre eux. D. Bouatta