Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont fini par s'entendre sur les grandes lignes d'une union méditerranéenne grâce à un compromis permettant à l'Allemagne d'avoir un rôle d'observateur, comme c'est le cas de la France dans l'Union baltique. La mission semble toutefois relever de l'impossible en raison des lourds contentieux israélo-arabes non résolus. L'union méditerranéenne finira-t-elle par voir le jour après le compromis trouvé lundi soir sur la question par le président français et la chancelière allemande ? La question mérite d'être posée, au-delà de l'accord franco-allemand, qui est loin de résoudre l'un des plus sérieux obstacles pour la concrétisation de cette union, en l'occurrence le conflit israélo-arabe. En effet, en insistant sur le fait qu'elle “n'exclura personne”, Paris et Berlin ne semblent pas avoir accordé suffisamment d'importance au différend opposant l'Etat hébreu et les pays arabes riverains de la mer Méditerranée. Il est difficile de concevoir de les voir siéger au sein de cette structure aux côtés d'Israël, avec lequel ils ne possèdent pas de relations diplomatiques, à l'exception de l'Egypte. Apparemment Allemands et Français se sont empressés de mettre la charrue avant les bœufs pour un projet qui a peu de chances de voir le jour tant que le conflit israélo-arabe ne sera pas résolu. Et comme le gouvernement d'Ehud Olmert ne fait non seulement rien pour faire avancer les négociations de paix enclenchées avec les Palestiniens à la suite de la réunion d'Annapolis, mais s'arrange pour bloquer le processus en massacrant la population de Gaza, il est difficile d'arracher l'accord des Arabes pour s'asseoir à la même table qu'Israël. Ceci étant, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont mis d'accord pour que l'Allemagne ait un rôle d'observateur dans l'Union pour la Méditerranée, comme c'est le cas de la France au sein de l'Union baltique. C'est ce qu'a révélé, hier, François Fillon, le Premier ministre français. Le compromis “s'appuie sur une structure déjà existante, l'Union de la Baltique, dans lequel naturellement l'Allemagne a un rôle particulier et la France n'est qu'un observateur”, a-t-il affirmé, avant d'expliquer : “Nous avons dit aux Allemands : "il y a l'Union de la Baltique dans laquelle la France n'est qu'observateur, nous allons faire l'union de la Méditerranée. Vous serez associés à tout ce qui sera organisé dans ce cadre-là, mais reconnaissez que la France et les pays riverains de la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer."” François Fillon a reconnu que la France “a des intérêts plus directs que l'Allemagne dans l'union méditerranéenne en raison de sa situation géographique”, tout en concédant qu'en même temps, “l'Allemagne, étant un des leaders de la construction européenne, a vocation à participer à l'union de la Méditerranée”. Quant à la chancelière allemande, elle a tenu à préciser qu'ils étaient “d'accord pour développer le processus de Barcelone à un niveau supérieur”, en référence à un partenariat euro-méditerranéen lancé en novembre 1995 dans la capitale catalane. C'est dire que la méfiance est au rendez-vous, et que Merkel paraît sur ses gardes pour ne pas perdre le contrôle des opérations. K. ABDELKAMEL