Il n'est un secret pour personne que le quatrième round des discussions maroco-sahraouies a peu de chances d'aboutir à une avancée, tant les deux parties campent sur leurs positions respectives et que Rabat fait étalage de sa force à travers des manœuvres militaires au Sahara occidental. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, a donné un aperçu sur ce qu'allait être ce nouveau tour des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, en déclarant qu'il n'y avait pas eu encore de “réelles négociations” entre les deux parties. Idem pour son envoyé personnel, le Néerlandais Peter Van Walsum, lequel avait indiqué lors de sa récente tournée dans la région qu'il n'avait pas de “solution miracle”. “Je n'ai pas de nouveau plan pour sortir de l'impasse”, avait déclaré celui qui a dirigé les trois premiers rounds des négociations à Manhasset. Ces déclarations sont confortées par la détermination des Marocains et des Sahraouis à ne pas faire de concessions, en s'accrochant, pour Rabat, au projet d'autonomie, et à l'exercice du droit à l'autodétermination, pour le Front Polisario. En somme, à moins d'une surprise de taille, ce quatrième round de négociations s'achèverait sur un statu quo. Ce pessimisme est renforcé par l'attitude du royaume alaouite, qui s'attelle depuis quelques semaines à faire étalage de sa puissance militaire aux frontières algériennes du Sahara occidental. Est-ce une manière de montrer qu'il est prêt à toutes les éventualités, notamment un conflit armé, pour imposer ses thèses expansionnistes ? C'est ce que laissent croire les manœuvres dirigées du côté de Tifariti par ses plus importants généraux, à l'instar d'Abdelaziz Benani (4 étoiles), Hosni Benslimane (4 étoiles), Boutaleb (3 étoiles) et Amer (3 étoiles). À cette occasion, les forces armées royales ont fait sortir sur le terrain tous les équipements militaires acquis auprès de l'Espagne, des Etats-Unis et de la France, selon notre confrère marocain Maroc Hebdo. Il s'agit notamment des 1 200 véhicules blindés achetés à Madrid pour 600 millions de dollars. La frégate Fremm multi-missions est un gros navire de 137 mètres de long, pèse 5 500 tonnes, antiaérien, anti-sous-marins avec porte-hélicoptères et artillerie légère... pour laquelle 500 millions de dollars ont été déboursés. Les trois croiseurs achetés aux Pays-Bas multi-missions avec aussi comme options antiaérienne et anti-sous-marines avec porte-hélicoptères et artillerie légère... font 105 mètres de long chacun. À cela, il y a lieu d'ajouter les vingt-quatre avions bombardiers F-16 C/D Block 52 neufs pour 2 milliards d'euros dans le cadre d'un contrat avec les Etats-Unis, sans oublier des contrats avec la Russie pour l'achat du Tunguska 2s6M, un porte missiles antiaérien. Cette attitude marocaine est dénoncée par Mohamed Kheddad, l'un des négociateurs sahraouis, qui a affirmé que “la course à l'armement à laquelle il se livre et les déclarations d'officiels marocains” ne prêtaient pas à beaucoup d'espoir. Selon lui, “ceci ne dénote réellement pas une nouvelle volonté de faire de ce prochain rendez-vous une pierre dans l'édifice de paix que nous devons construire ensemble, sous les auspices des Nations unies, mais ceci dénote plutôt un entêtement et un maintien de la position figée que le Maroc a toujours eue et qui ignore totalement les résolutions du Conseil de sécurité”. Manhasset 4 ne sera donc qu'une pâle copie des précédentes réunions. K. ABDELKAMEL