La cour de Constantine a mis en délibéré, pour le 7 avril prochain, l'affaire opposant le général Mohamed Betchine, ex-conseiller du président Zeroual, à Hichem Aboud, ainsi qu'aux directeurs des quotidiens El Khabar, El Watan, Le Matin et Liberté, en 1998. L'affaire a été enrôlée une seconde fois par la cour de Constantine après cassation de la Cour suprême. En 1998, Hichem Aboud, journaliste et ex-officier des services de renseignement algériens, publie une lettre-témoignage sur les colonnes des quotidiens Liberté, El Watan et El Khabar. Des passages de la missive seront reproduits par Le Matin. Hichem Aboud, actuellement en exil, accusait le général Mohamed Betchine, son ex-patron au sein des services secrets algériens, d'avoir dirigé la torture sur les jeunes arrêtés lors des évènements du 5 octobre 1988 et qui avaient secoué Alger et quelques villes de l'intérieur du pays. L'auteur de la lettre était, au moment des faits, le chef de cabinet du général qui venait d'être installé à la tête des services algériens. Alors que pour les avocats du plaignant, le général Mohamed Betchine, en publiant la lettre en question, les 4 quotidiens nationaux ont diffamé ce dernier. Maître Soudani, avocat de Abrous Outoudert, (ancien directeur de Liberté), de Omar Belhouchet et de Ali Djerri a restitué les faits dans leur contexte de l'époque, soit il y a dix ans, voire vingt ans. “Si ces journaux, symboles du débat politique contradictoire, avaient interdit leurs colonnes aux témoignages d'un ex-chef de cabinet du premier responsable des services de renseignement algériens sur des évènements aussi importants dans l'histoire du pays, n'aurait-on pas accusé cette presse d'être à la solde du pouvoir ou d'un clan et de ne pas favoriser le débat entre acteurs bien placés au sein de la hiérarchie, sur un grand dossier qui intéresse le pays ? Le tort de cette presse aurait été de n'avoir pas donné la parole au plaignant s'il avait voulu présenter, lui aussi, comme c'est d'usage dans le monde entier, sa version et lecture des faits”, remarquait magistralement le conseil des trois journaux cités. Hier, la compétence et le professionnalisme aussi bien du juge que du représentant du parquet ont permis à chaque partie d'apporter ses arguments dans les meilleures conditions de plaidoirie. L'opinion publique, par le truchement de la justice, a revisité dans la sérénité des moments graves de notre histoire contemporaine. Pour précision, aussi bien Hichem Aboud que Mohamed Benchicou étaient absents de l'audience d'hier. Mourad KEZZAR