Après des mois de perturbation, le marché des matériaux de construction pourrait amorcer une courbe descendante en matière de prix. La flambée qui a caractérisé les prix du rond à béton et du ciment, dont la hausse n'a jamais été égalée auparavant, a mis les pouvoirs publics en alerte. D'où la réunion de deux conseils interministériels en moins d'un mois afin de trouver une issue à la crise qui a secoué ce secteur. Le ministère du Commerce a transmis, hier, au secrétariat général du gouvernement une série de mesures visant à réguler le marché des matériaux de construction. Les principales décisions touchent le rond à béton et le ciment. Ce dernier matériau sera «cédé autour de 320 dinars» le sac après avoir dépassé les 500 dinars sur le marché national. C'est ce qu'a déclaré Ouali Yahiaoui, directeur de la réglementation et de l'organisation des marchés au ministère du Commerce. Les moyens mis en oeuvre pour arriver à concrétiser cette mesure sont d'ordre «techniques». Il s'agit en fait de contracter «des conventions entre les cimenteries, les entreprises et les distributeurs avec des clauses relatives au respect des prix». Une mesure assortie d'articles coercitifs, a souligné Ouali Yahiaoui sur les ondes de la Radio Chaîne III. «Les distributeurs qui feront fi de ces clauses seront tout simplement sanctionnés à travers des suspensions qui seront prononcées». Ceci vient conforter l'idée selon laquelle la spéculation serait derrière la flambée des prix du ciment surtout après que la SGP ciments ait confirmé la «disponibilité du matériau dont les prix n'ont pas connu de hausse au niveau des unités de production». Ainsi donc la marge «de gros et de détail sera définie», poursuit le directeur de la réglementation. Ce dernier a fait savoir que la demande nationale en ciment est satisfaite par les 14 cimenteries en service mais les besoins sont de plus en plus grandissants. La solution serait donc «d'améliorer la production nationale». Il faut savoir que ces cimenteries ont produit «11 millions 600 mille tonnes en 2007» pour un marché dont la demande avoisine les 14 millions de tonnes. Par ailleurs, le ministère a introduit une autre demande au gouvernement pour procéder à la «révision des indices des prix» dans le but de compenser les pertes subies «par les entrepreneurs après la flambée des prix», indique encore Ouali Yahiaoui. Concernant le rond à béton, la situation paraît plus complexe car l'Algérie dépend de l'importation à hauteur de «80% de ses besoins estimés à 2 millions de tonnes». Les prix ont augmenté au niveau international et cela n'a pas été sans conséquence sur le marché national. Le responsable du ministère du Commerce écarte même toute spéculation sur ce matériau car «le quintal de rond à béton est cédé à 60 euros en plus des autres charges dont l'importateur doit s'acquitter». Son prix sur le marché est donc «raisonnable», ajoute-il. La production nationale ne peut, à elle seule, subvenir aux besoins du marché dont les projets sont très importants. Le complexe d'El Hadjar n'a produit, en 2007, que «370.000 tonnes et l'importation à la même année a atteint 950.000 tonnes», a tenu à souligner Ouali Yahiaoui. L'entrée en service de plusieurs unités de production de rond à béton, notamment à Bellara, M'sila et Sidi Moussa sera d'un grand apport pour l'Algérie qui «passera de pays importateur à un pays exportateur», a révélé le directeur de la réglementation au ministère du Commerce.