Une commission d'enquête parlementaire et d'organismes d'Etat passe au crible la gestion d'Olusegun Obasanjo durant ses deux mandats, 1999 à 2007, notamment sur les milliards de dollars du pétrole et la cession de sociétés à des prix dérisoires, sans oublier la corruption érigée en système au Nigeria. Sans le sou à sa sortie de prison en 1995, Olusegun Obasanjo fait désormais partie des personnes les plus fortunées du Nigeria. Ce n'est certainement pas son salaire de président qui lui a permis d'amasser tout cet argent. Cela n'est pas passé inaperçu et une commission parlementaire enquête sur “les années Obasanjo” et la corruption dont le Nigeria est un des champions du monde, selon l'ONG Transparency International. La gestion de milliards de pétrodollars du temps où Obasanjo était président et ministre du Pétrole, la dilapidation de milliards de dollars dans le secteur de l'électricité sans aucun résultat et les ventes de sociétés à prix cassés à des “amis” qui ont été annulées par son successeur... Umaru Yar'adua. À en croire les dépositions d'anciens ministres, l'ex-chef de l'Etat nigérian aurait autorisé des décaissements de centaines de millions de dollars sans passer par les procédures légales. Deux autres hauts responsables financiers fédéraux avaient affirmé, à la fin du mois de février dernier sous serment, devant une commission d'enquête parlementaire comment Obasanjo avait inauguré, en 2006, un terrain vague couvert de broussailles, officiellement un projet de centrale dans l'Etat de Cross River, dans le sud du pays. Le plus grand quotidien nigérian, The Guardian, écrit que Olusegun Obasanjo, officiellement retiré dans son élevage de poulets, est sur le point d'être convoqué par la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les quelque 13 milliards de dollars dépensés pour le secteur électrique de 1999 à 2007. Aujourd'hui, le Sénat doit examiner la vente de bâtiments et de terrains fédéraux à Abuja sous son règne. L'une de ses filles, la sénatrice Iyabo Obasanjo-Bello, est à la une cette semaine de l'hebdomadaire The News sous le titre “Reine des scandales”. La publication indique qu'elle a récemment été citée au sujet d'un détournement au ministère de la Santé et d'un contrat de 4 milliards de nairas (34 millions de dollars ou 21,8 millions d'euros) attribué à une société autrichienne censée construire une centrale électrique qui n'est jamais sortie de terre. Par ailleurs, deux livres sortis cette semaine portent des titres évocateurs : Comment le président Obasanjo a corrompu le système fédéral du Nigeria et Comment le président Obasanjo a perverti le règne de la loi et la démocratie. Comptant sur l'immunité présidentielle, Olusegun Obasanjo reste muet, coulant une retraite paisible après huit années à la présidence nigériane et une carrière politico-militaire de presque quarante ans. Reste à savoir si son successeur, Umaru Yar'adua, qui est du même Parti démocratique du peuple, le couvrira ou finira par se pencher sur les accusations tous azimuts visant l'administration précédente, surtout qu'à son arrivée au pouvoir l'an dernier, il s'était engagé à combattre la corruption et à instaurer “le règne de la loi”. “Il n'y a pas de vaches sacrées”, ne cessait-il de répéter à son proche entourage. K. ABDELKAMEL