L'espérance de vie a augmenté en Algérie, passant de 56 ans en 1962, à 76 ans en 2007. Pourtant rien n'est encore fait pour la santé spécifique des seniors. La santé des vieux pose de multiples problèmes, car c'est parmi cette tranche d'âge que l'on recense le plus grand nombre de patients souffrant de plusieurs pathologies à la fois. Cette spécificité a encouragé les responsables des pays développés à créer une nouvelle spécialité médicale : “la gériatrie”. Les pays occidentaux ont opté pour des hôpitaux dédiés à la prise en charge des vieux, d'autant que dans cette région du monde les seniors finissent le plus souvent leurs jours dans des maisons de retraite. En Algérie, les données sont différentes et ce genre de structure ne pourra pas réussir, car la famille est solidaire avec les parents. Si sur le plan affectif les vieux en Algérie bénéficient des égards de leurs enfants, ce n'est plus le cas dès qu'il s'agit de leur prise en charge médicale. Les seniors continuent à être soignés dans des services pour adultes et certaines voix s'élèvent pour réclamer des structures dédiées à la santé de cette frange de la société. Les défenseurs de ce choix évoquent la complexité de prendre en charge les personnes âgées souffrant de plusieurs maladies à la fois, alors que les services médicaux spécialisés ne prennent en charge qu'une pathologie pour laquelle les médecins y exerçant ont été formés. Pour débattre de ce problème, l'Association pour la défense et la protection des personnes âgées a organisé, ce jeudi, une réunion sur ce sujet à l'hôpital Mustapha. Le débat a été animé, mais la question reste toujours en suspens car, quelle que soit l'option choisie, elle comportera toujours des côtés positifs et des côtés négatifs. Tous les participants sont tombés d'accord sur un seul point, l'urgence de la création de la gériatrie, spécialité médicale destinée aux vieux, mais l'endroit où vont exercer ces praticiens pose problème. Faut-il encourager la construction d'hôpitaux gériatriques ? Les pouvoirs publics ont décidé d'en réaliser un à Zéralda d'ici quelques années. Les responsables du département de la Santé pensent avoir trouvé ainsi une solution à la prise en charge des personnes âgées en mobilisant tous les moyens nécessaires dans une même structure. Cette option semble déplaire aux membres de l'Association de défense et de protection des personnes âgées, pour qui cette façon d'agir est une sorte de ségrégation. “Quand un vieux se retrouve hospitalisé, il voudrait avoir à côté de lui un jeune, pas une autre personne âgée”, affirme maître Houchati Hacène, responsable dans l'association précitée. Cet avocat de profession soulève un problème de taille, celui de la ségrégation dont souffrent des vieux parqués dans des établissements spécialisés en Europe. Dans ces structures, les personnes âgées, qui sont, certes, bien prises en charge, manquent de contact avec les générations plus jeunes. Pour sa part, le professeur Guerrinik, chef de service des urgences au CHU Mustapha, estime qu'il est nécessaire de lancer la formation des médecins spécialistes en gériatrie, mais propose de renouveler ce genre de réunion pour parvenir à trouver la meilleure solution de prise en charge des personnes âgées. “Etant les plus exposées aux accidents vasculaires cérébraux, les personnes âgées peuvent être prises en charge à domicile, même lorsqu'il s'agit de soins lourds comme la réanimation. Cela peut se faire en milieu familial et c'est bénéfique pour le malade qui se retrouve ainsi entouré et pour le budget de l'Etat : un lit de réanimation à l'hôpital coûte énormément cher. Il faut encourager la prise en charge des vieux à domicile”, précise le professeur Guerrinik. Les défenseurs de cette thèse ne lui trouvent que des avantages. La personne âgée est soignée dans sa famille, et si cette option était retenue, elle sera pourvoyeuse de postes de travail, puisqu'un nouveau service sera ainsi créé en Algérie. Le débat lancé quant à la prise en charge des personnes âgées va se poursuivre et les participants à cette première réunion ont décidé de se revoir pour étoffer et enrichir ce dossier. “Cette fois nous avons fait l'inventaire de l'état des lieux. Nous allons organiser d'autres réunions au niveau des autres régions du pays pour faire le bilan de ce qui existe et de ce qui reste à faire. La gériatrie est une urgence en Algérie”, déclare pour sa part, le docteur Hassane, gériatre algérien à Montpellier. SaId Ibrahim