À une année de la fin de son deuxième mandat, et neuf ans après sa première élection à la tête de l'Etat, le président Bouteflika affiche un bilan contrasté. Sur plusieurs plans, de grands progrès ont été réalisés. C'est sous l'impulsion et le suivi du chef de l'Etat, que l'Algérie est parvenue à éteindre quasiment sa dette extérieure. Au 31 décembre 2007, le volume de la dette extérieure algérienne s'est établi à 5,573 milliards de dollars. Le niveau de la dette extérieure à moyen et long terme à fin 2007 ne représente plus que 4,4% des réserves officielles de change à fin 2007. Il s'agit là d'un important élément de sécurité financière pour l'économie nationale contre d'éventuels “chocs” externes. Les réserves de change (l'or non compris) ont atteint 110,18 milliards de dollars à fin 2007, soit l'équivalent de 39,93 mois d'importations (plus de 3 ans). C'est un niveau jamais atteint depuis l'indépendance du pays. En 8 ans seulement, l'Algérie a multiplié par dix le niveau de ses réserves de change. Le Fonds de régulation a atteint également des sommets. Les caisses de l'Etat sont donc pleines. Ce qui est aussi intéressant, c'est que cette embellie, dans une période de flambée des prix de pétrole, n'a pas empêché le chef de l'Etat d'instituer le principe de précaution, en matière d'utilisation du Fonds de régulation des recettes. Mais le deuxième mandat de Bouteflika devait être celui du redressement économique. Sur ce plan plus de 145 milliards, au titre du programme complémentaire de consolidation de la croissance, ont été affectés à la modernisation des infrastructures et à l'amélioration des conditions de vie des populations. Trois ans après le lancement de ce programme, l'Algérie est en chantier : autoroute Est-Ouest, modernisation et extension de voies ferrées, métro et tramway, réalisation de grosses usines de dessalement de l'eau de mer, autant de mégaprojets qui, à la longue, devraient relancer la machine économie et passer le relais de la croissance aux entreprises. L'absence d'outils de réalisation nationale performants fait que ces projets profitent surtout aux étrangers. Cette situation est à l'origine d'ores et déjà d'un grand gaspillage de l'argent public à travers les réévaluations, les glissements dans le planning de réalisation des projets, l'attribution de projets à des entreprises incapables de soutenir un rythme de réalisation standard, notamment dans le secteur du bâtiment. C'est là où réside le problème, et où le bilan de Bouteflika paraît plus au moins négatif. C'est que la croissance économique est tirée par les dépenses publiques. Le secteur industriel, public et privé, enregistre une baisse pratiquement continue. Au terme de huit ans de mandat du chef de l'Etat, l'Algérie n'a pas encore construit une économie efficace et compétitive. Rien n'a fondamentalement changé concernant les réformes économiques en général, et la situation du secteur industriel en particulier. L'économie algérienne demeure toujours une économie de rente, une économie très dépendante des fluctuations des cours du brut. Les exportations hors hydrocarbures représentent seulement 2% des exportations globales. “Le géant ne s'est pas encore réveillé”, à la faveur de la stratégie et des politiques de relance et de développement du secteur industriel. Les hydrocarbures jouent un rôle de voile qui cache l'incontestable vulnérabilité de l'économie algérienne et l'amélioration des recettes d'exportation des hydrocarbures ont un effet pervers : le report répété des indispensables réformes dont a besoin notre économie alors même que c'est dans le contexte financier actuel que ces réformes ont toutes les chances de réussir. Résultat : l'entreprise algérienne continue à faire face à un climat des affaires encore contraignant en dépit des progrès réalisés : accès problématique au foncier et au crédit, une bureaucratie lente et omnipotente… Meziane rabhi