L'ensemble des membres de la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) que nous avons eu à rencontrer ces derniers jours s'accorde à dire que le maintien du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, dans le gouvernement Ouyahia, dénote l'intransigeance du pouvoir en place quant à son insouciance et son indifférence affichées jusque-là par rapport à la crise en Kabylie qui vient de boucler sa deuxième année. Ainsi, pour Atmane Mazouz, délégué de Tinebdar, “ce qui arrive illustre bien la déchéance du pouvoir et de l'Etat algériens devenus la risée du monde. C'est la mise à nu des baux et clauses du sérail. Ca signera fort probablement la fin d'une époque, faite de crise de confiance, d'effondrement de l'espoir et d'une perte de repère. Bouteflika semble bloqué dans ses vieux clichés, et son régime est condamné à disparaître pour laisser place à une alternative citoyenne. En ce qui concerne Zerhouni, celui-ci n'est qu'un exécutant, car la responsabilité de la tragédie incombe aussi à ses tuteurs politiques. Son maintien au département de l'Intérieur signe la volonté des tenants du pouvoir d'un maintien du statu quo et d'une logique d'affrontement. Le pouvoir croit venir à bout de notre mouvement par la répression. Il doit cependant comprendre une fois pour toute l'inanité de sa démarche belliciste, car, au jeu des extrêmes, seule la bêtise est triomphante. Notre mouvement citoyen, qui a toujours milité pour un dégoupillage du régime, ne s'étonne point de ces luttes au sommet qui éclairent davantage ce petit peuple sur la nature de ceux qui ont accaparé le pouvoir depuis 1962.” De son côté, le délégué de Souk El-Tenine, Mohamed Ikhlef, dit Kaza, estime que “même si on est persuadé que le vrai changement ne pourrait se faire de l'intérieur du régime, le départ de Zerhouni aurait été perçu comme un signe de bon augure. Malheureusement, chez nous, en Algérie, il n'y a que la mort qui détrône ces caciques dignitaires du système. Le prolongement de la crise en Kabylie ne peut qu'arranger Bouteflika, sinon comment expliquer les déclarations de Zerhouni, selon lesquelles, le pouvoir a accompagné la crise de Kabylie, alors que ce dernier est censé la solutionner ?” K. O.