La Corée du Nord a aidé la Syrie à construire secrètement un réacteur nucléaire qui aurait permis de produire du plutonium à des fins militaires s'il n'avait été détruit en septembre 2007, a accusé l'administration de George W. Bush, démentie aussitôt par Damas. L'ambassadeur syrien à Washington, Imad Moustapha, a jugé sur CNN “ridicules” les affirmations américaines. Dans un communiqué, la Syrie a dénoncé une “campagne de fausses allégations” visant à affirmer “la présence d'une activité nucléaire” sur son territoire. La Syrie doit “faire toute la lumière sur ses activités nucléaires illégales”, a auparavant dit la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino. Les Etats-Unis sont “convaincus, sur la base de différentes informations”, que la Corée du Nord a aidé la Syrie à construire en secret un réacteur nucléaire capable de produire du plutonium dans le désert de l'est du pays, a précisé dans un communiqué Mme Perino. “Nous avons de bonnes raisons de croire qu'il (le réacteur) n'avait pas de finalités pacifiques”, a-t-elle poursuivi. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prend ces accusations au sérieux et va ouvrir une enquête, a annoncé, hier, l'agence dans un communiqué. Mais “le directeur général déplore que l'information n'ait pas été fournie à l'agence à temps, conformément aux responsabilités de l'agence dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), afin de lui permettre de vérifier la véracité de ces informations et d'établir les faits”, a souligné l'AIEA. Alors que certains craignent que ces affirmations ne viennent troubler les négociations en cours sur le démantèlement du programme nucléaire nord-coréen, Mme Perino a indiqué que les Etats-Unis restaient impliqués dans ce processus diplomatique. Mais Washington va veiller à établir un “mécanisme de vérification rigoureuse pour s'assurer qu'un tel comportement et que les autres activités nucléaires (de Pyongyang ont) cessé”, a-t-elle ajouté. Pour le négociateur américain sur le dossier nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, l'aide nucléaire apportée par Pyongyang à Damas appartient au passé. “Selon les Etats-Unis, il n'y a pas de coopération (de la Corée du Nord) avec la Syrie dans ce domaine à l'heure actuelle”, a nuancé M. Hill. “Nous allons traiter cette question comme nous traitons de nombreuses autres questions dans les discussions à six” (deux Corées, Etats-Unis, Japon, Chine, Russie), a-t-il poursuivi. Interrogé sur ce problème, le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, a estimé qu'une coopération Pyongyang-Damas poserait “un grave problème”, si elle était avérée, pour la suite des négociations. “Nous devons résoudre cette question à n'importe quel prix, via les discussions à six”, a-t-il ajouté. “Ce qui est important est que nous nous assurions d'une promesse ferme de la Corée du Nord contre la prolifération nucléaire”, a déclaré pour sa part l'ambassadeur sud-coréen à Washington, Lee Tae-Sik. Un haut responsable américain, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a précisé qu'Israël avait détruit ce réacteur, lors d'un raid aérien le 6 septembre dernier, alors qu'il était sur le point de devenir opérationnel. “Israël a pris seul sa décision d'agir. Il l'a fait sans aucun feu vert de notre part. On ne nous a rien demandé”, a-t-il assuré. Des responsables du renseignement et de l'administration américains ont affirmé que la coopération entre la Corée du Nord et la Syrie avait débuté à la fin des années 1990 et que le projet de réacteur nucléaire avait vraisemblablement débuté en 2001. Parmi les preuves apportées figurent des photographies prises à l'intérieur du réacteur, dont la forme, ainsi que celle du bâtiment qui l'abrite, seraient similaires au réacteur nord-coréen de Yongbyon, où est produit du plutonium. R. I./Agences