La visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères en ce mois de mai 2008 s'inscrit dans le cadre de l'adhésion des pays du Maghreb au projet de l'Union de la Méditerranée dont l'Algérie constitue une pièce maîtresse dans l'échiquier géostratégique de la région, la réunion des chefs d'Etat étant prévue courant juillet 2008 dans la capitale française. Cependant, pour la concrétisation des objectifs stratégiques de cette union, il me semble qu'existent six conditions fondamentales qui concernant à la fois l'Europe qui doit abandonner cette vision purement commerciale, loin des intérêts mercantiles étroits permettant la libre circulation des personnes, mais également les pays du sud de la Méditerranée à travers l'appronfondissement de l'Etat de droit, la démocratisation et des réformes structurelles allant vers l'économie de marché loin des intérêts rentiers, s'ils veulent bénéficier des effets positifs de cette union, et ce, afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagé, où seront bannis l'extrémisme, le terrorisme, la menace planétaire et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, berceau des civilisations. Les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique, le judaïsme, le christianisme et l'islam étant des religions de paix et de tolérance. La première condition est la constitution d'espaces économiques fiables, car cette union ne sera profitable et notamment pour l'Afrique du Nord que si l'intégration maghrébine peut se réaliser, et ce, afin de répondre aux nouveaux défis de la mondialisation, rapport social complexe, produit historique du développement du capitalisme mettant fin à cette dualité Nord-Sud qui menace l'avenir de l'humanité. Economiquement d'une part les USA, l'Europe, sans oublier les pays émergents comme le Brésil, l'Inde, la Chine, d'autre part, les pays de la rive de la Méditerranée et plus globalement le Maghreb, intégration économique vitale à laquelle je suis profondément attachée au sein de l'espace euroméditerranéen, les échanges intramaghrébins représentant moins de 2% des échanges globaux du fait des entraves structurelles à la fois politique, économique étant suicidaires pour chaque pays de faire cavalier seul (et ce, sans oublier le continent africain, enjeu du XXIe siècle), présentent les uns et les autres, des potentialités pour la promotion d'activité diverses. La seconde condition est l'urgence d'une bonne gouvernance et une lutte efficace, concrète sur le terrain et non pas seulement l'élaboration de textes de loi que contredisent souvent les pratiques sociales, contre la corruption qui est, outre l'effet divorce Etat-citoyens, un obstacle à la mise en œuvre d'affaires et des investissements porteurs de croissance à moyen et long terme. Cela renvoie à un Etat de droit supposant l'intégration de la sphère informelle ou dominante et fonctionnant dans une sphère de non-droit, et plus globalement favoriser de véritables contre-pouvoirs à la fois politiques, économiques et sociaux. La troisième condition est la valorisation du savoir, qui avec la bonne gouvernance, sont les piliers du développement du XXIe siècle, donc, la prise en compte du développement humain par la création d'une université euroméditerranéenne avec des pôles d'excellence afin de le rendre plus efficient devant miser non sur la quantité, mais misant sur la qualité, et de rapprocher la formation professionnelle du monde du travail. En résumé, je suis convaincu que la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident par le dialogue des cultures, la construction de l'Etat de droit, de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle et de l'économie de marché concurrentielle tenant compte des nouveaux enjeux de la mondialisation, et notamment de la préservation de notre environnement et d'un développement équilibré entre le Nord et le Sud, permettront l'intensification des relations euroméditerranéennes. Il s'agit de concrétiser le respect des libertés économiques et politiques, des droits de l'Homme et de la promotion de la condition féminine. Le projet de l'Union méditerranéenne, sous réserve d'objectifs précis, peut être un exemple de ce partenariat global, de promotion des synergies de systèmes privés, politiques et administratifs afin de développer une coopération pour un développement durable partagé entre le Nord et le Sud. Expert international Par le Docteur Abderrahmane Mebtoul