AI a diffusé, hier, son rapport annuel sur la situation des droits de l'Homme dans le monde durant toute l'année 2007. Un résumé de cette expertise, mise sous embargo pendant 24 heures, a été donné aux journalistes, mardi à Londres. La thèse du “Qui tue qui ?” reste de mise. Globalement, le bilan concernant l'Algérie reste inchangé. La poursuite de la violence est le fait le plus saillant rapporté par Amnesty International. Rendant compte du nombre des victimes (491), l'ONG constate une hausse par rapport à 2006. Selon elle, une partie des morts est imputable aux attaques d'Al-Qaïda Maghreb, qu'elle occulte d'identifier comme un groupe terroriste. En revanche, elle soutient que des personnes soupçonnées de lien avec le terrorisme ont été arrêtées et détenues arbitrairement, dont des individus ayant été extradés vers d'autres pays et condamnés en violation des standards internationaux. Fidèle à son discours, Amnesty International demande la levée de l'impunité sur les forces de sécurité ayant commis des exactions durant la décennie noire. Sur la question des disparus, l'organisation constate qu'en dépit de la signature par l'Algérie de la Convention internationale portant sur la protection des individus des disparitions forcées, les autorités se sont abstenues d'enquêter sur les milliers de disparitions survenues lors des années de terrorisme. Selon elle, des familles ont subi des pressions pour réclamer les certificats de décès de leurs proches, en vue de clore définitivement le dossier. Sur le plan politique, la forte abstention enregistrée lors des législatives de mai 2007 dévoile, aux yeux d'Amnesty, le manque de confiance qu'a la population en la capacité de ses dirigeants à restaurer la sécurité et à affronter d'autres problèmes comme le chômage, la forte demande sur le logement, les pénuries d'eau, etc. À son avis, la hausse des prix des hydrocarbures ne profite pas aux Algériens qui affluent clandestinement en Europe. Abordant le chapitre de la liberté d'expression, l'organisation relève le harcèlement et les sanctions judiciaires dont font l'objet les journalistes et les militants des droits de l'Homme. À ce sujet, elle rappelle que le Comité des droits de l'Homme de l'ONU a expressément demandé à l'Algérie de dépénaliser le délit de presse. Par ailleurs, elle regrette le maintien de la peine de mort. Sur un autre registre, l'ONG déplore le refoulement des demandeurs d'asile sud-africains. L'engagement pris par notre pays d'améliorer la condition des femmes est sans doute l'unique point positif dans le rapport de l'ONG. À cet égard, elle salue les progrès enregistrés dans la lutte contre la violence contre les femmes et fait sienne la satisfaction de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur l'amendement du code de la famille, au cours d'un séjour qu'elle a effectué en Algérie en février 2007. De Londres : Samia Lokmane-Khelil