RESUME : Le temps a passé. Katia aura bientôt dix-huit ans. Elle espère toujours la visite de sa mère. Un jour, son père rentre tôt. Il leur demande de préparer à dîner pour une dizaine de personnes. Elles allaient connaître ses amis. Elles sont loin d'imaginer qu'il soutient un groupe armé… 20e partie Le dîner est prêt bien avant la tombée de la nuit. Dahmane a posé dans la pièce principale des matelas et des coussins. Il a posé sur des tables basses des assiettes et des verres. Les invités ne tardent pas à arriver. Saleha, curieuse, a les yeux qui lui sortent de la tête en les voyant. Ils sont barbus et portent des tenues afghanes. Ils sont fatigués. Depuis la fenêtre de la cuisine donnant sur la cour, elle les regarde déposer leurs armes puis se laver. - Katia, prends la petite et ne sort pas de la chambre. Je ne veux pas vous entendre, lui dit-elle, le visage livide. - Pourquoi ? demande-t-elle en s'approchant pour regarder. Qui sont-ils ? - Je ne sais pas. Je sais qu'ils sont en conflit avec le pouvoir, répond Saleha. Ils tuent, ils enlèvent des filles. Vite, dans la chambre, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur ! - Papa est ami avec eux, ils n'oseront pas, dit Katia. - Au contraire, tu sembles l'ignorer, mais ils font aussi des mariages de complaisance. Je ne veux pas que tu te maries avec l'un d'eux. Allez, file ! Saleha la pousse. Elle a la chair de poule. Elle se rappelle les rumeurs affolantes. L'angoisse la saisit à la gorge. Elle se sent étouffer. Et incapable de bouger. Lorsque Dahmane entre dans la cuisine, il la trouve près de la fenêtre. - Qu'est-ce que tu fais là ? - Rien. Qu'est-ce que tu fais avec eux ? - Pourquoi ? - Tu sais que ce sont des criminels ? Tu es en relation avec eux depuis combien de temps ? Dahmane la saisit par le bras et la pousse vers le fourneau. - C'est quoi ces questions ? Tu ne me fais pas confiance ? - Toi, je te fais confiance mais eux, j'ai peur d'eux. Dahmane a un sourire au coin de la bouche. - Tu n'as rien à craindre, je suis leur ami. Ce n'est pas sans raison que je suis en relation avec eux. Leurs ennemis ont tout à craindre d'eux, mais nous, sois rassurée, on ne risque rien. Saleha n'est pas de son avis. - Tu ne sembles pas t'en rendre compte mais en faisant ami, la sécurité militaire t'aura à l'œil et ne te laissera pas tranquille. Tous croiront que tu espionnes pour leur compte. Personne ne te fera confiance. Tu risques de te retrouver en prison puisque tu les soutiens. - Il faut bien qu'ils mangent chaud de temps à autre. Allez, donne-moi la marmite. Tremblante, elle saisit la marmite et son contenu se renverse sur le sol. La marmite lui tombe des mains. Elle recule, horrifiée. Dahmane la regarde, comme s'il n'en croit pas ses yeux. - Tu l'as fait exprès ? s'écrie-t-il. Tu veux qu'ils se payent ma tête ? - Non, je te jure que je ne l'ai pas fait exprès. J'ai tellement peur. Mais il y a encore de la sauce dans l'autre marmite et le couscous est prêt à être servi. Prends-les toi-même. Je ne veux pas de problème. J'ai hâte de les voir partir. Dahmane doit se contenir pour ne pas la gifler. Il prend lui-même la marmite et revient chercher le grand plat de couscous. Il n'est pas surpris de ne plus trouver sa femme dans la cuisine. Il comprend sa peur… A. K. (À suivre)