Le verdict de l'Histoire est aussi implacable que le terrorisme. Il est réconfortant de voir la communauté internationale dénoncer unanimement le terrorisme. Les attentats meurtriers qui ont secoué Casablanca, vendredi, ont réveillé davantage les consciences. Cela est d'autant plus réconfortant pour l'Algérie, volontairement isolée pendant des années, férocement accusée d'entretenir le terrorisme islamiste et de le manipuler, injustement inculpée de massacres collectifs pourtant signés des groupes islamistes que Washington n'a décidé de “reconnaître” qu'après les attentats du 11 septembre. La série d'explosions sanglantes de Casablanca a jeté autant l'effroi que l'émotion sur le monde, faisant tout de suite réagir Etats et gouvernements, présidents et personnalités. Comme pour les bombes des kamikazes à Riyad, la communauté internationale ne s'est pas posé les questions qu'elle s'est toujours, ou souvent, permis de poser concernant les tueries commises en Algérie par les terroristes islamistes. Le monde a ainsi désigné sans la moindre équivoque le “terrorisme international” (comprendre Al-Qaïda bien sûr) coupables des opérations de Riyad et de Casablanca. Un imam connu d'Arabie Saoudite est intervenu à la télévision satellitaire MBC, au lendemain des attentats de la capitale du royaume, pour rappeler — citant un verset coranique — que le fait de tuer volontairement un croyant était un péché valant à son auteur la géhenne. Hier, aussi bien les gouvernements du monde que les grands médias ont relevé et dénoncé la main du terrorisme international qui a semé la mort à Casablanca. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Marwan Moashir, a estimé que le but des attentats était de “détruire et d'entacher l'image de la civilisation arabe et islamique dans le monde”. De Chirac à Poutine, en passant par le prince Abdallah (héritier du roi Fahd) et Silvan Shalom (ministre israélien des Affaires étrangères), le constat est identique : “Le terrorisme international est de plus en plus menaçant pour le monde.” Il y a, pourquoi le cacher, dans cette réaction unifiée, un sentiment de revanche pour les Algériens — gouvernants et peuple — qui ont franchement dénoncé et combattu le terrorisme, lequel se trouve être islamiste comme à New York et Washington, il y a dix-huit mois, comme à Riyad et Casablanca maintenant. Et le devoir de mémoire ne veut, en la circonstance, aucunement dire esprit de vengeance : en 1994, après les attentats de Marrakech, le royaume chérifien avait pointé un doigt accusateur vers l'Algérie, causant d'ailleurs la fermeture des frontières entre les deux pays. Devoir de mémoire toujours : des pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, qui depuis ont fait amende honorable, ou l'Allemagne ont longtemps hébergé des chefs terroristes algériens prétextant du droit à l'asile. Et d'autres pays, comme la France, n'ont eu de cesse de presser le bouton “droits de l'Homme” pour davantage culpabiliser le régime algérien que protéger la dignité humaine des disciples de Ben Laden. Le terrorisme a enfin un visage, le même en fait depuis toujours. Le même qui endeuille notre pays depuis dix ans et fait exploser des kamikazes en Amérique, en Arabie Saoudite ou au Maroc. Le même qui menace les “croyants” et les “infidèles”, les pays développés et les nations en voie de l'être. Le même qui menace la modernité et le progrès. Le même qu'il faut combattre sans concession en Afghanistan, en Iran ou en… Algérie. L. B.