C'est aujourd'hui que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, transmettra son rapport sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité. C'est là un rapport quelque peu particulier, dans la mesure où il sera question de la nouvelle proposition de règlement de l'ancienne colonie espagnole, le Sahara, et des réponses des différentes parties concernées directement et indirectement par le processus de paix. L'autre particularité, qui est essentielle, se rapporte à cet acharnement de hauts responsables de l'ONU à vouloir avaliser la “marocanité” du territoire sahraoui. Le Sahara occidental a été colonisé par l'Espagne en 1884. Considéré par les Nations unies comme un “territoire non autonome”, il était question de sa décolonisation dès le début des années 1960. C'est ainsi que l'Espagne s'est engagée à organiser un référendum d'autodétermination, permettant aux Sahraouis de choisir entre l'indépendance ou l'intégration à la puissance coloniale. Seulement, les interférences de puissances occidentales, particulièrement de la France et des Etats-Unis, ainsi que les appétits de certains pays, l'Espagne et le Maroc notamment, ont pesé de leur poids, profitant du contexte de guerre froide : occupation du Sahara occidental par les forces armées marocaines et retrait des soldats espagnols du territoire. La donne mondiale a changé avec l'effondrement du camp de l'Est. Elle a donné naissance à un plan de règlement ONU/OUA en 1990, toujours attaché au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Seulement, la mise en application, dès septembre 1991, du cessez-le-feu a “redonné” courage aux autorités de Rabat et à leurs alliés, qui n'ont cessé depuis cette date de reporter la consultation référendaire d'année en année. Entre-temps, des fonctionnaires et responsables des Nations unies ont tenté de travestir le plan de paix, aux fins de le vider de son caractère colonial, en tablant sur de nouveaux critères d'identification du corps électoral, pour sortir du recensement espagnol de 1974. En mars dernier, une nouvelle proposition a été avancée par l'envoyé personnel de Kofi Annan, le diplomate américain James Baker. Une proposition intitulée “Plan de paix pour l'autodétermination du peuple sahraoui” qui vise en fait à remplacer le plan de règlement onusien du début des années 1990, et même les accords de Houston de 1997, en laissant une large place à “la souveraineté marocaine” au Sahara occidental et aux colons marocains, invités à prendre part au scrutin. La proposition de Baker comporte, comme on le voit, de nombreuses anomalies, qui jouent en défaveur du droit du peuple sahraoui de choisir librement entre l'indépendance et l'intégration au royaume chérifien. Cette situation n'est pas conforme à la légalité internationale et ambitionne de forcer la main aux Sahraouis, population et Front Polisario, en les attirant vers leur pays, encore sous occupation marocaine. Et c'est là où on comprend le mieux les dernières révélations du sous-secrétaire général de l'ONU, Marrack Goulding, qui, preuves à l'appui, affirme que le projet initié par le couple annan-Baker n'est rien d'autre que le plan de l'ex-secrétaire général Perez de Cuellar, lequel plan avait été rejeté, à l'époque, par le Conseil de sécurité. Alors que décidera cette fois ce même conseil ? Ira-t-il à l'encontre de l'histoire de l'émancipation des peuples et du droit des Sahraouis de choisir librement et démocratiquement leur destin ? On en saura plus, prochainement, avec la réponse qui sera donnée au rapport de Kofi Annan. H. A.