Un nouveau scandale éclate au sein des Nations unies. L'ancien sous-secrétaire général de l'ONU, chargé des missions de paix, Marack Goulding, a révélé que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, ambitionne d'avaliser l'intégration du Sahara occidental au royaume du Maroc. M. Goulding a, en effet, déclaré que Annan a choisi, au lendemain de sa nomination, en 1997, le diplomate américain, James Baker, afin d'œuvrer en faveur de l'intégration de l'ancienne colonie espagnole au régime alaouite, alors que le conseil de sécurité l'invitait à organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. “Le nouveau secrétaire général (Kofi Annan) m'a demandé (en 1997) d'aller à Houston (Texas), pour convaincre James Baker d'accepter sa désignation en tant que représentant spécial et d'essayer de négocier un accord basé sur une autonomie pour le Sahara occidental au sein du royaume du Maroc”, a écrit l'ex-sous secrétaire général de l'ONU dans ses mémoires, Peacemonger, publiées récemment au Royaume-Uni, par John Murray. Ce diplomate britannique a rappelé la lettre qui a été envoyée par Annan à Baker, le 5 mars 1997, et dans laquelle il lui donnait carte blanche : “Si vous considérez l'existence d'une solution alternative et plus prometteuse au conflit, vous êtes autorisé à négocier un accord (…) Cet accord serait soumis à un référendum supervisé par les Nations unies. Les bases dudit accord devraient amener le Maroc à accepter d'accorder une large autonomie au Sahara occidental plus que celle dont jouissent les autres régions et d'octroyer un statut spécial aux leaders du Front Polisario. En contrepartie, le Polisario devrait accepter l'intégration du territoire au Maroc.” Telle est la version des faits confiée pour Marack Goulding au journal espagnol El Pais, qui a été publiée le 1er mai dernier. Le diplomate britannique a également soutenu qu'en 1997, “au moment où Kofi Annan a été nommé secrétaire général des Nations unies, il était évident que le plan de paix proposé par l'ex-secrétaire général Javier Perez De Cuellar au Conseil de sécurité (…) est irréalisable, car les parties impliquées (le Maroc et le Polisario) n'étaient pas d'accord sur qui pourrait voter au référendum. Annan a récupéré alors un plan qui a été déjà élaboré par Perez De Cuellar”. Les révélations de M. Goulding interviennent à la veille de la remise du rapport de Kofi Annan au Conseil de sécurité, prévue pour le 19 mai. Elles apportent un nouvel éclairage sur la démarche du secrétaire général de l'ONU et de son envoyé personnel, qui se sont distingués par leur proposition d'accord-cadre et celle qui vient d'être soumise aux différentes parties concernées par la conflit maroco-sahraoui. Aussi bien l'accord-cadre que la toute dernière proposition visent à sortir du plan de paix onusien et des accords de Houston, en brouillant la question du corps électoral habilité à prendre part au référendum. En termes plus clairs, Annan, Baker et les partisans de la “marocanité” du Sahara, à défaut d'avaliser un référendum favorable à l'intégration, travaillent dans le sens du remplacement du peuple sahraoui par d'autres votants : les colons marocains. H. A.