Le diplomate algérien a mis en exergue le régime spécifique des journalistes, le principe non discriminatoire en matière de pratique du culte lors de l'adoption du projet de texte législatif sur la criminalisation du trafic des êtres humains. “L'impunité”, qui, selon des Organisations non gouvernementales (ONG) et autres Etats, serait consignée dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale, “n'existe nulle part dans ce texte (charte, ndlr) que le peuple algérien a agréé par référendum”. C'est la réponse cinglante du diplomate algérien, Idriss Djazaïri, qui a tenu à répondre, en temps opportun, à certaines ONG et Etats membres, devant le Conseil des droits de l'homme lors de sa 8e session ordinaire et qui a adopté, mardi dernier à Genève, le rapport de l'Algérie sur les droits de l'homme. “De quelle légitimité se réclament ces ONG pour remettre en cause le choix souverain de millions d'Algériens qui sont la seule, sinon l'exclusive source de légitimité ?” a déclaré M. Djazaïri. Et de renchérir : “Après tant d'épreuves, de souffrances et de larmes, le droit à la paix serait-il une menace ?” Accusateur, M. Djazaïri dit alors que cet état de fait profite aux seuls “marchands de la mort, aux adeptes du crime, aux virtuoses de la subversion ; en somme, aux sponsors du terrorisme et à ceux qui se nourrissent du vivier de la tragédie des autres”. Il dit, en outre, que l'Algérie n'a pas souscrit à trois recommandations, précisant qu'elles sont “contraires à la Constitution, à la charte pour la paix et la réconciliation nationale et aux principes non discriminatoires en matière de pratique du culte (…). Notre ouverture au débat contradictoire reste intacte et nous répondrons aux interrogations éventuelles des Etats membres et des ONG internationales”. Evoquant le dossier des disparus, le diplomate algérien dit qu'il s'agit d'un “sujet douloureux pour la société algérienne (…). Aucune famille de près ou de loin n'y a échappé ou y serait insensible. Il s'agit de la plus dramatique conséquence de la tragédie nationale sur laquelle l'Etat algérien s'est penché et à laquelle il a apporté des réponses humaines, légales et sociales”. Au sujet de la liberté d'expression en Algérie, il affirme qu'“elle est garantie par la Constitution” et que celle-ci “garantit expressément l'inviolabilité de la liberté de pensée, de conscience et de religion”. Il affirme également que l'Algérie a donné son accord à la visite des rapporteurs spéciaux du Conseil sur la liberté religieuse et sur les droits de la femme, soulignant que l'Algérie est disposée à recevoir, à tout moment, le rapporteur spécial sur la liberté d'opinion et d'expression et qu'elle étudie actuellement la possibilité de lancer de nouvelles invitations à d'autres rapporteurs, non sans mettre en relief que notre pays “a accéléré la mise en œuvre de son plan national des droits de l'homme et lancé le régime spécifique des journalistes”. Il aborde la liberté du culte pour rappeler les dispositions de l'ordonnance fixant les conditions et les règles d'exercice des cultes autres que musulmans. En ce sens, il affirme que cette ordonnance vient combler un “vide juridique” et intervient à la suite de “nombreuses requêtes de citoyens qui ont constaté que leurs problèmes conjoncturels étaient exploités par un prosélytisme agressif au nom de la liberté du culte, semant le désarroi et le déchirement dans les familles et dans les communautés”. Et de répondre au sujet du phénomène de l'évangélisation en Algérie : “Ces actions déstabilisantes sont menées par des personnes non qualifiées, non habilitées et non autorisées.” L'ambassadeur représentant permanent et chef de la délégation algérienne à cette 8e session a, en revanche, relevé qu'“il reste à l'Algérie du chemin à parcourir et nombre de performances à améliorer (…). Nous nous y employons résolument et d'autant plus volontiers que l'esprit qui a animé les débats du groupe de travail (...) pour aider à mieux faire en matière de droits de l'homme (…). En évitant le réquisitoire où les positions de donneurs de leçons dans lesquelles la défunte commission s'était parfois fourvoyée, le conseil a donné à la promotion des droits de l'homme une dynamique nouvelle”. Affirmant que le gouvernement algérien s'est déjà approprié les conclusions préliminaires du Groupe de travail du Conseil sur l'examen de son rapport, M. Djazaïri dit que l'adhésion de l'Algérie à cette dynamique s'est traduite par “l'acceptation immédiate de la quasi-totalité des recommandations, soit 17 sur les 20 formulées”. L'ambassadeur algérien a enfin mis en exergue le projet de texte législatif sur la criminalisation de la violence domestique et sur la criminalisation du trafic des êtres humains, ainsi qu'un projet de loi-cadre sur l'enfance comprenant quatre volets, la santé, l'éducation, l'égalité et la protection. FARID BELGACEM