Après un gel de plusieurs mois, le ministère de la Santé vient de relancer le programme des importations de médicaments. Comme par hasard et au lendemain du départ d'Amar Tou du département de la santé, quarante-sept entreprises pharmaceutiques ont été destinataires d'une lettre dans laquelle le ministère les informe de la levée du gel du programme des importations. Dans cette lettre datée du 23 juin et dont Liberté détient une copie, le ministère de la Santé invite ces entreprises pharmaceutiques à se présenter à la sous-direction de la régulation et des activités techniques relevant de la direction de la pharmacie pour retirer le programme d'importation des médicaments de l'année 2008. La décision du nouveau ministre de la Santé, Saïd Barkat, est salutaire car elle va permettre à de nombreux patients notamment les malades du cancer et les diabétiques de bénéficier de leurs traitements qui ont failli être interrompus dans la plupart des cas en raison d'une pénurie de médicaments. Récemment, plusieurs responsables ont mis en garde contre le risque d'une pénurie de médicaments notamment contre les maladies chroniques. Le 17 juin, le responsable de la pharmacie centrale du CHU de Tlemcen avait notamment indiqué que la prise en charge des malades cancéreux est confrontée dans cette région de l'ouest du pays au problème “d'indisponibilité de médicaments spécifiques et très coûteux”. Des commandes de produits servant, entre autres, pour “la chimiothérapie, la leucémie hématoclinique” ne sont pas honorées à 100% par la Pharmacie centrale des hôpitaux d'Alger, avait précisé le même responsable. Selon des sources médicales, sur 1 321 produits recensés, plus de 50% de médicaments de première nécessité étaient en rupture de stock. L'instruction présidentielle par laquelle le chef de l'Etat avait instruit les responsables du secteur de la santé de mettre à la disposition de tous les malades les médicaments nécessaires à leurs soins “même les plus chers”, notamment pour le traitement des maladies chroniques est appliquée à moitié. Des millions de dinars ont été débloqués pour financer des programmes de lutte contre certaines maladies, mais le ministère de tutelle avait demandé aux opérateurs pharmaceutiques à réduire leurs importations par rapport à l'année dernière de 30 à 50%. Cette démarche qui visait en premier lieu à réduire les importations n'a cependant pas prévu de parade à la rupture de stocks. Selon une enquête menée récemment par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) auprès de 200 pharmacies réparties dans les 48 wilayas du pays, la rupture de stocks a touché plus de 50% des médicaments essentiels dans le traitement de certaines maladies notamment en cardiologie, en pneumologie, en diabétologie et maladies digestives dont les génériques sont indisponibles pour certains. Les résultats de l'enquête ont également montré que 353 produits dont certains médicaments produits en Algérie par Saidal et des producteurs privés n'ont connu aucune rupture depuis le mois de janvier, début du lancement de cette étude. Les prix des médicaments ont enregistré une hausse importante durant ces 5 derniers mois. Le prix moyen des médicaments en cardiologie, par exemple, qui était de 389 DA en 2002 est passé à 635 DA en 2005 avant d'atteindre 1 030 DA en 2007, soit une augmentation de plus de 60%. Même constat concernant les médicaments destinés aux diabétiques. Leur prix est passé de 219 DA en 2002, à 488 DA peu de temps après pour atteindre en 2007 près de 1 000 (l'unité). R. B.