Le gouvernement souhaite une participation plus active des banques et des sociétés d'assurance au financement de l'économique. C'est du moins ce qui ressort de l'intervention du ministre des Finances, à l'ouverture de la journée d'étude sur la réforme bancaire et financière organisée hier au siège du ministère des Finances, à Alger. “La place algérienne est une place extrêmement rentable. Il y a une croissance très forte de l'économie nationale. C'est un pays émergent qui est en train de connaître un développement appréciable. Ceux qui veulent participer à ce marché doivent prendre les risques nécessaires et marquer d'une façon significative leur intérêt pour le marché”, souligne le grand argentier du pays. M. Karim Djoudi explique que la rencontre a pour objectif d'évaluer le chemin parcouru, depuis 2004, en matière de réformes bancaire et financière, mais surtout “d'avoir le retour d'écoute de la place”. Trois ateliers, réformes bancaires, marché financier et perspectives et développement et réformes des assurances, ont été mis en place, chargés d'évaluer les mesures de réformes mises en œuvre jusque-là et de proposer des actions concrètes. Le ministre a donné rendez-vous dans dix jours aux acteurs de la place, pour formuler leur critique et les actions à prendre. M. Karim Djoudi a affirmé que la réforme bancaire a apporté un certain nombre de réponses. Cependant, le grand argentier reconnaît l'existence des suffisances, au niveau des banques, de l'environnement des banques mais aussi au niveau de ceux qui demandent les crédits. Le directeur général du Trésor, M. Hadji Baba Ami, a énuméré les actions entreprises à la réforme bancaire et financière et celles qui restent à mettre en œuvre. M. Hadji Baba Ami annonce le renforcement des fonds propres des banques. “Un niveau cible de fonds propres a été arrêté pour chaque banque, pour leur permettre de financer des grands projets”, précise le directeur général du Trésor, sans donner de précision. Il cite dans ce cadre les projets de Sonatrach (10 projets) estimés à 28 milliards de dollars. Deux accords de financement ont été déjà conclus. Un troisième est prévu en octobre. Les capacités de financement des banques algériennes sont très limitées en raison du niveau très faible de leur capital et de leurs fonds propres. Le directeur du Trésor annonce la poursuite de l'assainissement du portefeuille des banques. Dans ce cadre, M. Baba Ami parle de gel de découvert des entreprises déficitaires en attendant de se fixer sur leur sort. Les entreprises viables seront assainies, précise le directeur général du Trésor. “Des plans de redressement financier internes doivent être présentés par ces entreprises pour être adoptés prochainement par un comité interministériel”, relève M. Baba Ami. Le directeur général du Trésor cite aussi comme mesure la transformation des ressources courtes des banques en ligne de crédit à long terme. Par ailleurs, la Banque algérienne de développement (BAD) sera transformée, d'ici la fin de l'année, en une agence de financement du Trésor. Toutes ces mesures pourraient augmenter la capacité d'intervention de banques dans le financement des grands projets. Dans le cadre de la mise à niveau de la fonction crédit, le directeur général du Trésor évoque la mise en place dans chaque banque d'une centrale de gros clients et de mauvais clients. Les pouvoirs publics comptent aussi agir sur le banquier, en le rassurant, sur le plan juridique mais aussi sur le plan matériel. Une réflexion sur la dépénalisation de l'acte d'octroi de crédit est engagée. M. Baba Ami parle aussi de la mise en place d'un nouveau système de rémunération pour atténuer les départs des cadres qualifiés vers le secteur bancaire privé. Le directeur général du Trésor, dans le cadre du développement du crédit immobilier, évoque la mise en place de la centrale de risque particulier. Concernant la Bourse, M. Hadji Baba Ami, tout en soulignant le dynamisme du compartiment obligataire, annonce qu'un groupe de travail des finances et du ministère de l'Industrie se penche sur une liste d'entreprises à privatiser par la Bourse. Interrogé sur la possibilité pour l'Algérie de lancer un fonds souverain, le ministre des Finances s'est montré prudent. “Toute opération nécessite une évaluation du marché et des risques”, a répondu le ministre des Finances, expliquant que les fonds souverains s'investissent en actif financier qui sont traditionnellement à risque. M. R.