L'existence d'un lien entre les attentats meurtriers de Casablanca et une organisation terroriste internationale a été officiellement annoncée lundi soir au Maroc, où les autorités assurent avoir identifié tous les kamikazes impliqués. Des “avancées remarquables” de l'enquête ont été annoncées lundi soir par le ministre marocain de l'Intérieur, Mustapha Sahel, qui a indiqué que l'identité des quatorze auteurs des attentats avait pu être établie. Les attaques perpétrées le 16 mai dans le centre de Casablanca, à la bombe et à la voiture piégée, qui ont fait 41 morts, dont leurs auteurs, et une centaine de blessés, selon un bilan officiel, ont visé des cibles juives et des établissements fréquentés par des étrangers. L'enquête a permis de “confirmer nos présomptions sur la connexion avec le terrorisme international”, a indiqué M. Sahel, s'exprimant sur une chaîne de télévision publique. Il a révélé, par ailleurs, que deux kamikazes sur les quatorze impliqués avaient survécu et se trouvaient entre les mains de la police et non pas un seul comme cela avait été initialement dit. Le ministre a indiqué que le second terroriste avait été arrêté dimanche soir, soit deux jours après les attentats. Aucune explication n'a été fournie sur cette modification des chiffres annoncés, 13 kamikazes sur 14 ayant auparavant été déclarés morts dans les attentats suicide. M. Sahel n'a pas donné de nouvelles indications sur l'origine des kamikazes, désormais tous connus, les huit premiers identifiés avaient été signalés comme étant tous des Marocains, résidents d'une même banlieue défavorisée de Casablanca. “L'arrestation des deux terroristes encore vivants a permis de faire des avancées remarquables en termes de renseignements”, a indiqué le ministre, soulignant notamment : “Le réseau qui a commis des actes terroristes à Casablanca a été identifié en entier.” M. Sahel a remercié “les services de sécurité des pays amis pour leur collaboration technique en matière d'identification”. Le ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdellah, porte-parole du gouvernement, avait de son côté déclaré lundi qu'il était prématuré d'affirmer que les kamikazes de Casablanca étaient liés au réseau Al-Qaïda. “Nous serons affirmatifs sur ces questions dès que nous en aurons la preuve concrète”, avait-il dit. Une connexion internationale avait été évoquée par le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, qui avait révélé que des kamikazes étaient “récemment venus d'un Etat étranger”, sans autre précision. Il avait ajouté que les terroristes avaient un rapport avec un groupe marocain appelé Assirat Al Moustaqim (le droit chemin). Ce groupe intégriste s'est fait connaître en janvier dans une affaire d'assassinat par lapidation d'un homme accusé de “dépravation”. “Le Maroc ne pliera pas devant le terrorisme et ses concepteurs”, a déclaré le Premier ministre marocain, Driss Jettou, assurant que le gouvernement prendrait “toutes les dispositions pour punir les auteurs de ces crimes affreux où qu'ils se trouvent”. Sur le plan international, cinq grands pays européens, réunis en Espagne, ont décidé lundi de mettre en commun tous les éléments qu'ils recueilleraient, au Maroc et ailleurs, pour favoriser une analyse commune dans la lutte contre le terrorisme. Quatorze policiers français et six espagnols se trouvent au Maroc, et le président américain, George W. Bush, a offert l'aide des Etats-Unis pour la recherche des terroristes. Trois Français, trois Espagnols et un Italien ont été tués dans ces attaques. La présence de membres du réseau ben Laden au Maroc avait déjà été évoquée en mai 2002, lors de l'arrestation d'un groupe de dix personnes, dirigé par trois Saoudiens, accusés de constituer une “cellule dormante” d'Al-Qaïda.