RESUME : Katia ne raconte rien à ses hôtes même si Aïcha fait tout pour la mettre à l'aise. Elle prétexte être fatiguée. Aïcha l'installe dans la chambre d'amis. N'arrivant pas à s'endormir, elle sort de la chambre. Elle les entend parler d'elle. Aïcha a mis au courant son mari. Katia va s'habiller et se remet au lit, se demandant si elle ne ferait pas mieux de partir tout de suite… 50iéme partie Elle ne dort pas lorsque le vieux et sa femme entrent dans la chambre silencieusement. - Tu vois, elle dort, dit Aïcha. La petite était morte de fatigue. Ce ne peut pas être une voleuse, une criminelle. Regarde-la, on dirait un ange. - Les anges ne traînent pas de village en village, réplique-t-il. Il ne faut pas se fier aux apparences. - Je sais, mais je reste avec mon sentiment premier, c'est une fille bien qui n'a pas eu de chance. - Ce n'est pas une raison pour humilier et déshonorer sa famille, insiste-t-il. Demain, on la raccompagne chez elle. - Puisque tu y tiens, soupire-t-elle. Allons nous coucher. Demain, on avisera comment faire. Alors que la porte est refermée tout doucement, Katia se redresse, horrifiée à l'idée qu'ils pensent à la ramener chez elle. Il en est hors de question. Même si elle est épuisée, l'envie de dormir ne serait-ce qu'une heure lui est passée. Elle attend les premières lueurs du jour pour quitter le lit. Elle sort de la chambre sur la pointe des pieds. Elle découvre Aïcha déjà levée. Elle vient de prier. Le tapis est encore posé par terre. Elle lui fait signe de s'approcher. Confuse, Katia ne sait pas quoi dire. - Chut ! souffle-t-elle. Je m'attendais à ce que tu veuilles filer en douce. J'ai ouvert la porte. Tiens ! Elle lui remet quelques billets. - C'est pour te dépanner. - Merci, murmure Katia, en voulant les refuser, mais l'hôtesse d'un soir jure. - Si tu ne les prends pas, je réveille mon mari. - Il ne peut pas courir. - Oui, reconnaît-elle, il ne peut pas courir, mais il peut appeler la police ou les gendarmes, la prévient-elle. Je ne veux pas qu'ils te ramènent chez toi. Pour tout abandonner derrière soi, c'est que ton quotidien est devenu insupportable. - Oui, tu ne peux pas imaginer ! - Allez, ne refuse pas cet argent. Pars avant qu'il ne soit trop tard, lui conseille Aïcha. La jeune fille empoche l'argent et après l'avoir remerciée, elle part. Aïcha va dans la chambre et met des coussins sous le drap, formant ainsi un semblant de corps endormi. Elle retourne dans sa chambre et enlève l'alarme du réveil. Elle n'en a plus besoin. À sept heures, son voisin, un chauffeur dans une entreprise, démarre son camion. Elle saura qu'il est temps de se lever et de préparer le petit déjeuner. Elle pense à Katia qu'elle vient d'aider. A-t-elle bien fait de la laisser partir ? La veille au soir, elle a remarqué qu'elle ne dormait pas. Si elle a tenu la discussion à quelques pas d'elle, c'est pour qu'elle les entende. Sa réaction ne l'a pas surprise. Si elle était restée, elle y aurait vu un signe de regrets. En la voyant sortir de la chambre, à l'aube, elle a compris qu'il lui est impératif, peut-être vital, de s'éloigner des siens. Ce n'est pas sans raison qu'elle avait décidé de les quitter. Quoi qu'il en soit, si Katia réussit à s'en sortir, elle y aura un peu contribué. Cela la calme et lui donne un peu de sérénité. Lorsque son mari la rejoint à la cuisine et qu'il la trouve seule, il lui demande : - Elle n'est pas encore levée ? - Je suis entrée dans la chambre, elle dort comme un bébé, répond-elle. Je n'ai pas eu le cœur à la réveiller. - Il le faut bien ! réplique el hadj Oualid. Elle doit rentrer chez elle. Je vais la réveiller. Aïcha reste dans la cuisine, elle tient à ne pas être là lorsqu'il découvrira la supercherie. Elle se bouche les oreilles en l'entendant crier. Elle décide d'accourir. - Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi cries-tu ? - Regarde. Elle est partie ! Aïcha porte la main au cœur, choquée… ADILA KATIA (À suivre)