L'Algérie, qui avait laissé planer le doute sur sa participation au sommet de Paris, a finalement décidé de se jeter à fond dans cette nouvelle aventure méditerranéenne. À quel prix ? Pour le moment, “les clarifications” demandées par Alger ont trouvé une partie de la réponse, en attendant le reste. Paris se pare de ses plus beaux atours, pour recevoir les dirigeants de la Méditerranée ce dimanche. Paris se barricade contre d'éventuelles menaces terroristes pouvant perturber le bon déroulement de cette grand-messe, dont le clou sera le défilé du 14 Juillet. Nicolas Sarkozy a tenu parole et a réussi le pari fou de lancer son Union pour la Méditerranée. Il a, surtout, réussi à convier Ehud Olmert, aux côtés des dirigeants arabes. Une prouesse en soi, surtout lorsqu'on sait que le président syrien, jusque-là boycotté par les Européens, sera présent à Paris au même titre, d'ailleurs, que les présidents libanais et palestinien. Bachar El-Assad n'est pas dupe, lui dont le pays était, jusqu'à un passé très récent, dans l'œil du cyclone. Aujourd'hui, il mène des négociations indirectes avec Israël pour le règlement de la question du Golan, et c'est toute une page de la politique israélienne du monde arabe qui s'ouvre à la faveur du sommet de Paris. Evidemment, le leader libyen sera le seul absent à cette cérémonie. L'avenir dira si Al-Kadhafi était un visionnaire ou s'il a bien négocié son absence, lui à qui Paris avait déroulé le tapis rouge pour sa très controversée — mais ô combien fructueuse — visite d'Etat, au début de l'année. L'Algérie, qui avait laissé planer le doute sur sa participation au sommet de Paris, a finalement décidé de se jeter à fond dans cette nouvelle aventure méditerranéenne. À quel prix ? Pour le moment, “les clarifications” demandées par Alger ont trouvé une partie de la réponse, en attendant le reste. Si Paris a mis le paquet, en signant un important accord de coopération nucléaire avec Alger et en lui fournissant, pour la première fois, des armes, beaucoup de sujets de discorde restent en suspens, à commencer par la question de la circulation des personnes entre les deux rives. Le principe de poursuivre et d'enrichir le Processus lancé à Barcelone il y a dix ans fait l'unanimité. Il n'en est pas ainsi pour le reste du projet de l'UPM. Il est clair que c'est l'Union européenne qui devrait supporter, en grande partie, le coût de cette union et le fonctionnement de ses institutions. C'est connu : celui qui paye commande. Se pose alors la véritable question concernant les conditionnalités devant être édictées par les Européens pour financer des projets devant profiter aux pays de la rive sud. Des voix ont commencé à se faire entendre sur la rive nord pour exiger que les questions de la démocratie, des droits de l'Homme dans la rive sud soient inscrites dans le projet de l'UPM. Là, on rentre dans le vif du sujet. Or, le président Sarkozy tient à la réussite de sa cérémonie et éviter, au maximum, d'aborder les sujets qui fâchent. A. B.