Au moment où le mécontentement social est pris en charge par des syndicats autonomes, souvent non agréés, et toujours exclus du dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux, il apparaît plus qu'urgent d'ouvrir un débat serein sur le pluralisme syndical. La Centrale syndicale se dote, enfin, de son secrétariat national, quatre mois après la réélection de Abdelmadjid Sidi-Saïd. Les membres de la Commission nationale exécutive ont élu, pour la première fois dans l'histoire de l'UGTA, la composante de l'instance suprême de l'organisation syndicale. Au-delà des conflits internes, des ambitions personnelles des uns et des autres, cet épisode démontre que les temps ont bel et bien changé et que l'UGTA, longtemps considérée comme seul représentant des travailleurs, est appelée à opérer sa mue, au risque de se voir distancer par les syndicats autonomes. Sidi-Saïd a peut-être gagné une bataille en se replaçant et en évitant une implosion de la Centrale syndicale. Il doit présentement engager la guerre de la reconquête du terrain syndical et — pourquoi pas ? — envisager de coordonner ses actions avec les syndicats autonomes. Au moment où le mécontentement social est pris en charge par des syndicats autonomes, souvent non agréés, et toujours exclus du dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux, il apparaît plus qu'urgent d'ouvrir un débat serein sur le pluralisme syndical. Même si, formellement, l'UGTA ne s'oppose pas à la création de syndicats autonomes, dans les faits, elle reste la seule organisation syndicale reconnue par le gouvernement et la seule apte à parler au nom des travailleurs. Les différents mouvements de protestation organisés ces derniers temps, notamment dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de la Fonction publique, ont démontré que l'UGTA n'avait plus le monopole de la représentation syndicale et que, parfois, elle est distancée de loin par les syndicats autonomes. La Centrale syndicale, qui a choisi, depuis plus d'une décennie, la voie du dialogue pour résoudre les problèmes socioprofessionnels des travailleurs, continuera-t-elle à jouer au “pompier” ? Ou se résoudra-t-elle, pour sauver les meubles, à reconquérir le terrain de la revendication syndicale ? La prochaine tripartite convoquée à la rentrée par le Chef du gouvernement devrait apporter les premiers éléments de réponse. A. B.