Pour redynamiser ce marché, il convient de programmer des opérations de privatisation au profit du grand public. Une défiscalisation est suggérée pour encourager les entreprises à entrer en Bourse. Le marché financier a toujours besoin d'intermédiaires en opérations de Bourse (IOB) professionnels. Des spécialistes étrangers ont manifesté leur intérêt à s'installer sur ce marché algérien. La commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) vient d'autoriser deux IOB. Il s'agit, selon M. Nordine Smaïl, président de la Cosob, d'une autorisation de se constituer et de réunir les conditions légales et réglementaires nécessaires telles une organisation, les moyens techniques financiers, les garanties et cautions et de vérifier l'honorabilité et l'expérience de leurs dirigeants. Une autre condition a aussi trait à la sécurité des opérations de leur clientèle qu'ils doivent assurer. Une fois toute cette panoplie de formalités exigées remplies, les IOB peuvent commencer leur activité et entrer dans le capital de la Bourse d'Alger sous le contrôle de la Cosob. La commission veillera, pour sa part, au respect des règles de déontologie. M. Smaïl avoue qu'en dépit des efforts fournis pour booster la Bourse d'Alger, les résultats demeurent en deçà des objectifs tracés. Depuis 2000, indiquera-t-il, il n'y a eu aucune introduction d'action à la Bourse. Il a cité les emprunts obligataires réalisés par des entreprises dont les montants globaux levés sont de l'ordre de 270 milliards de DA. Il faut rappeler que ces actions ont été effectuées en dehors du marché boursier. Le président de la Cosob cite l'exemple d'Air Algérie qui a pu renouveler sa flotte avec les 40 milliards de DA levés sur le marché obligataire. Idem pour la Sonelgaz qui a utilisé les sommes reçues grâce à cette technique financière pour la construction de centrales électriques. L'entp, Cevital, Algérie Télécom… sont les autres sociétés qui ont su profiter de cette démarche pour amasser des fonds destinés à leur croissance. Cette contreperformance, M. Smaïl l'a expliqué par le fait que toutes les conditions pour le bon fonctionnement de la Bourse n'étaient pas réunies. Il constatera un manque de visibilité, une absence de schémas cibles et de consensus… durant cette décennie, c'est-à-dire depuis la naissance de la Bourse en 1997. Le président de la Cosob relèvera un manque de professionnalisme au sein des banques IOB. Il y a eu, précisera-t-il sur les ondes de la radio Chaîne III, juste une maîtrise des aspects procéduriers tels que l'ouverture de comptes, opérations, titres, routage, souscriptions, émissions… Ce qui a donné lieu, déplorera-t-il, à des privatisations d'entreprises en dehors de la Bourse profitable aux étrangers. Car, ces derniers voient leurs cours renforcés ailleurs, sur les places financières où ils sont cotés au grand dam de la Bourse d'Alger. Pour mieux booster la Bourse, le ministère des Finances a engagé un atelier qui a arrêté un certain nombre de réformes. Cinq principaux points ont résumé les recommandations de ce groupe de travail. D'ailleurs, l'un des points revendiqués par le groupe de travail est que les cessions des entreprises aux étrangers se fassent à travers une offre publique de vente OPV qui permettra au grand public de profiter par le biais de la Bourse. Les experts ont souligné la nécessité d'un site qui abritera le siège des principaux acteurs du marché. On pense regrouper ces derniers dans un site moderne pour promouvoir un futur centre du marché financier en Algérie. Le second point met l'accent sur l'urgence de professionnaliser la place. Les banques IOB agréées par la Cosob ont désormais deux options : soit continuer à développer en interne l'activité marché ou créer carrément une filiale en partenariat avec une grande banque professionnelle internationale. La mise à niveau des acteurs des systèmes et des procédures est l'une des recommandations qui se fera en collaboration avec une expertise internationale. “Nous allons essayer de définir un schéma cible d'organisation de notre marché à l'avenir. Nous allons faire le choix de modèles boursiers pour la place en lançant aussi des formations du personnel”, affirmera M. Smaïl. De nouvelles conditions sur les plan légal, réglementaire et fiscal doivent être également créées pour un meilleur essor du marché financier. “On pense à défiscaliser un peu les entreprises qui entrent en Bourse d'Alger : soit directement ou en défiscalisant les détenteurs de ces titres comme cela se fait dans les pays voisins”, proposera M. Smaïl. Il y a lieu de renfoncer en outre l'entreprise du marché à savoir la Bourse d'Alger et les dépositaires. Badreddine KHRIS