Les enseignants contractuels, notamment syndicalistes de la Fonction publique, solidaires à leur action, ont décidé de tenir aujourd'hui un sit-in devant le siège du ministère de l'Education nationale à El-Mouradia. Mardi, 16e jour de grève de la faim. Cette date coïncide avec le concours de recrutement de l'enseignement lancé par le ministère de l'Education nationale pour l'ouverture de 15 000 postes budgétaires. Voilà ce que propose Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, comme solution pour régler le problème de plus de 40 000 contractuels, de son secteur, un dossier qui perdure depuis des années. “Il faut trouver une solution dans un cadre légal, notamment stipulé dans le nouveau statut particulier des enseignants”, a déclaré hier M. Saâdani, secrétaire général du Satef, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au siège du Snapap, lieu des grévistes à El-Harrach. Il a souligné que l'ouverture du concours de recrutement ne réglait pas le problème des enseignants contractuels, puisque certains parmi eux, qui ont plus de 5 ans d'expérience, ont été exclus de facto car ils n'ont pas le diplôme requis, à savoir la licence d'enseignement. “Le ministère de l'Education aurait dû organiser un concours de recrutement interne. Partant de ce principe, il aura résolu deux problèmes à la fois : celui des contractuels, et notamment le déficit des enseignants, sachant que les retraités du secteur n'ont jamais été remplacés par des titulaires”, a affirmé le responsable du Satef. Solidaires avec leurs confrères, les contractuels, le Satef, le CLA, le Cnapest ainsi que d'autres syndicalistes de la Fonction publique observeront un rassemblement aujourd'hui à 13h devant le siège du département de Benbouzid à El-Mouradia. À travers cette action, ils espèrent sensibiliser à nouveau la tutelle sur le problème de cette catégorie du personnel du secteur de l'éducation nationale. Ils demandent également au ministre d'être reçus afin d'ouvrir des négociations. “Notre rôle ne consiste pas à négocier à la place des contractuels, mais d'ouvrir une brèche de dialogue devant le mur de silence”, a indiqué M. Saâdani. Selon les syndicalistes présents lors de la conférence, cette grève de la faim n'exprime que le profond malaise du secteur de l'éducation. À ce propos, les syndicalistes lancent un énième appel à la participation de la société civile à l'ouverture du dialogue entre les deux antagonistes qui se dirigent vers un bras de faire certain. “Cette action n'est qu'une étincelle qui risque de se transformer en brasier si rien n'est fait. Nous avons décidé d'entamer notre grève de la faim durant les vacances pour ne pas sanctionner les élèves, mais si le ministre estime jouer sur le facteur du temps, nous sommes prêts à tenir le coup jusqu'à la rentrée scolaire, même s'il faut faire plusieurs hospitalisations”, s'indigne un gréviste. Par ailleurs, les enseignants contractuels, et notamment les titulaires ont dénoncés “la mise en scène” du concours de recrutement de l'éducation nationale d'hier qui n'était, selon eux, en réalité qu'une démonstration “grossière” pour booster le projet de la réforme. Des enseignants candidats à cet examen ont témoigné que le concours consiste à une seule question orale concernant le cursus et les motivations du candidat. Alors qu'auparavant, les examens se déroulaient en plusieurs phases, notamment l'oral et l'écrit avec des sujets de la matière enseignée. “Cet examen n'est qu'un moyen d'encourager la corruption et le passe-droit qui sévit dans le secteur. Ils veulent également maintenir une école de transit avec des enseignants qui travaillent gratuitement”, a également dénoncé M. Saâdani. Bien entendu, cette crise n'a pas échappé à M. Benbouzid qui maintient sa décision. Quelle est cette administration qui peut soulever des femmes et hommes jusqu'à leur faire préférer mettre leur vie en danger plutôt que de se retrouver au chômage ? Mesure-t-il, du moins, le danger de cette confrontation ? Nabila Afroun