Une baisse de la demande dans les pays grands consommateurs est enregistrée, selon des sources occidentales. Abdallah Al-Attiyah, ministre de l'Energie du Qatar, estime que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait peut-être ajuster à la baisse sa production si la demande ralentit. “Nous discuterons en septembre de l'offre et de la demande. Et si la demande ralentit, nous discuterons du besoin d'ajuster l'offre à la baisse”, a-t-il dit, précisant toutefois qu'il était encore “trop tôt pour juger”. La prochaine réunion de l'Opep, faut-il le rappeler, se tiendra à Vienne le 9 septembre. Les prix du pétrole ont chuté de quelque 20 dollars depuis leur record historique du 11 juillet, à plus de 147 dollars le baril, principalement en raison des craintes que la consommation pétrolière dans le monde ralentisse plus que prévu. Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a déclaré hier qu'il souhaitait que les pays membres du cartel pétrolier, dont il fait également partie, contrôlent plus strictement leur production, notamment dans la perspective d'une poursuite de la baisse des prix. “Si la tendance à la baisse des prix du pétrole se poursuit”, l'Opep devra “être plus méticuleuse sur le contrôle des quotas”, a-t-il ajouté, soulignant que certains pays dépassent leur quota de production officiel. L'Opep ne voit pas forcément d'un mauvais œil le récent repli du pétrole, car ses membres craignent de voir se répéter le scénario du deuxième choc pétrolier : la flambée des prix s'était alors traduite par une chute de la demande, puis par un plongeon durable du cours. “Je crois que l'Opep voit d'un bon œil cette accalmie”, estime Vera de Ladoucette, analyste du Cambridge Energy Research Associates. “Beaucoup de pays, en particulier l'Arabie Saoudite, n'ont jamais oublié le contre-choc pétrolier”, renchérit Francis Perrin, directeur de rédaction de Pétrole et Gaz arabes. Pendant les années 1980, les pays industrialisés s'étaient tournés vers d'autres énergies, comme le nucléaire en France, et avaient investi dans des technologies plus économes, d'où un effondrement de la consommation et des prix qui ont duré dix ans. “Les membres les plus clairvoyants du cartel réalisent que des prix élevés amènent certes des recettes supplémentaires, mais aussi une destruction de la demande future”, souligne Paul Tossetti, analyste de PFC Energy. L'Opep ne voit pas forcément d'un mauvais œil le repli des cours L'Arabie Saoudite, premier producteur mondial et chef de file de l'Opep, n'a d'ailleurs pas hésité à augmenter unilatéralement sa production ces derniers mois pour tenter d'apaiser le marché. Même les pays les plus agressifs en matière de prix ont changé de ton. L'Iran se contente d'appeler au maintien de la production de l'Opep lors de sa prochaine réunion, le 9 septembre. Les pays “ont eux aussi constaté l'impact des prix élevés du brut sur la consommation”, poursuit Mme de Ladoucette. La demande pétrolière des pays développés baisse d'environ 1,5% par an, un rythme qui pourrait s'accélérer, alors que la menace d'une récession plane sur les Etats-Unis et l'Europe. Dans les pays émergents, la demande continue à croître d'environ 3,8% par an, mais la Chine, l'Inde et beaucoup d'autres sont en train de réduire leurs subventions sur le carburant, ce qui pourrait freiner drastiquement leur consommation. Pour autant, note Vera de Ladoucette, “si les prix reperdaient 20 dollars, je suis sûre que certains pays commenceraient à dire qu'il faut faire quelque chose” et appelleraient à une baisse des quotas de l'organisation. Certains pays de l'Opep veulent aussi croire en un rebond des prix. “Aucun pays producteur ne peut dire qu'il est content de voir les cours baisser”, affirme une source proche du gouvernement du Nigeria, dont la production est sévèrement amputée par une série d'attaques de groupes armés, et dont les recettes pétrolières fondent. Le président de la compagnie pétrolière nationale libyenne (NOC), Choukri Ghanem, qui tient lieu de ministre du Pétrole, pense lui que les prix “vont rebondir”. Mais pour Paul Tossetti, la question essentielle à l'approche de la prochaine réunion de l'Opep sera de voir quel niveau de prix l'organisation cherche désormais à défendre. “Les Saoudiens parlaient ces dernières années de 60 ou 70 dollars le baril. Est-ce que désormais ce sera 100 dollars ? C'est là la question”. Synthèse Badreddine K.