Situation renversante : Israël au secours de Palestiniens ! Une trentaine de membres du Fatah, le mouvement du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ont fui Gaza vers Israël qui leur a accordé l'entrée pour les acheminer vers la Cisjordanie. Israël qui a fermé sa frontière avec Gaza à la suite de la prise de contrôle de ce territoire par le Hamas, lors d'un coup de force contre les forces de sécurité du Fatah en juin 2007, se présente aujourd'hui comme un protecteur ! La violence interpalestinienne a encore éclaté à Gaza quand les milices du mouvement islamiste Hamas s'en sont pris à la maison du clan familial Helis dans le quartier de Choujaya, un clan au Fatah, le mouvement du président palestinien. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, l'accuse d'être derrière l'attentat à la bombe du 25 juillet à Gaza qui a tué 5 membres des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, et une fillette de 5 ans. L'attentat meurtrier, dont l'origine n'a pas été déterminée et que le Hamas a imputé au Fatah “en collaboration avec Israël”, a été suivi d'affrontements et d'opérations de police. Le tout se passe avec toute la violence extrême : jets de grenade, explosions, coups de feu. En guise de représailles, le Hamas a lancé une vaste opération de répression, arrêtant plus de 300 personnes, et a mené des perquisitions dans les bureaux, clubs et autres institutions appartenant au Fatah. Une véritable chasse au Fatah a été déclenchée, obligeant des militants de Mahmoud Abbas à demander protection aux Israéliens ! L'organisation de l'Autorité palestinienne dément toute implication dans l'attentat, affirmant qu'il s'agit de règlements de comptes internes propres au Hamas. Ce qui ne l'a pas empêché de se livrer, à son tour, à l'arrestation de cadres du mouvement rival en Cisjordanie. Le mouvement du président palestinien a pourtant nié toute implication dans l'explosion. Le Hamas a accusé le clan Helis de tirer des obus de mortier contre sa police. Et la famille Helis a démenti en reprochant à son tour le mouvement islamiste de commettre des crimes. Alors, à qui profite cette situation à l'heure où le processus de paix israélo-palestinien est au point mort, et que les Israéliens poursuivent la colonisation ? C'est bien une évidence que c'est l'?tat israélien qui en est le principal bénéficiaire. Gaza est bien un territoire martyrisé, subissant blocus et bombardements et son million et demi d'habitants réduits à la faim, privés de presque tout, paie le prix des divisions et des intrigues de toutes sortes alimentées par les islamistes. Israël se frotte les mains non seulement en raison de la déstabilisation provoquée par la reprise de la lutte interpalestinienne, mais aussi à cause de la conséquence de voir les Palestiniens perdre leur crédibilité vis-à-vis de la communauté internationale et des instances qui tentent de gérer le processus de paix. Ceci d'autant plus que l'on s'achemine à la fin du mandat Bush aux ?tats-Unis qui, de toute façon, s'est pris bien tard à vouloir résoudre la question, ou du moins à la tirer de sa léthargie. Son successeur éventuel, lui, n'apporterait rien de nouveau, pas même le charismatique homme de couleur Barack Obama, avec tout ce qu'on lui attribue d'esprit de changement, qui n'a pas hésité à parler de “miracle” concernant les 60 ans d'existence d'Israël et à exprimer son fervent soutien à la politique de ses dirigeants. C'est dire que la classe politique palestinienne se doit de trouver une formule d'entente, non seulement pour l'intérêt de ses populations qui vivent en danger permanent depuis 1948, mais aussi pour celui d'une cause que les Israéliens et les Américains veulent complètement ignorer. Il n'y a rien de plus dangereux pour un peuple qui mène une lutte de libération que l'esprit de faction. D. B.