Engourdi et ankylosé, notre pays se réveille lourdement de son long sommeil sur ses fortes potentialités agricoles. La malheureuse conversion de notre principal atout économique naturel agricole au profit de secteurs peu sûrs et mal maîtrisés nous a coûté très cher. Piégé par l'enivrement incontrôlé de l'indépendance, les coups de gueule, la colère non maîtrisée, l'exaspération, la fierté mal placée vis-à-vis de toute trace de l'ancien occupant de vastes opérations d'arrachage ou d'abattage sauvage des anciennes plantations coloniales ont obnubilé la population. Plus grave encore, le calquage idéologique et désastreux opéré sur des modèles de fonctionnement collectiviste des pays de l'Est a achevé d'anéantir l'amour et le travail de la terre peu à peu déconsidéré. La dévalorisation de la chose agricole s'est mise en marche. Même les parents ont été happés par la spirale idéologique étourdissante. Que de fois avons-nous assisté à la brimade des enfants aux résultats scolaires faibles. Ils étaient alors traités de personnes faites uniquement pour le “crouchi” (outil agricole en forme de u renversé). Au fil du temps et par complexe interposé, le travail de la terre faisait malheureusement honte. Pendant ce temps, les pays déjà bien moins favorisés par la nature que le nôtre concevaient l'exploitation de l'agriculture comme une stratégie de développement durable. Pourtant notre agriculture faisait jadis la grandeur économique du pays et toute une vie culturelle et des valeurs sociales s'articulaient autour. En ces temps, il n'y avait pas autant de tracteurs ni de moissonneuses-batteuses ni tout autre matériel mécanique moderne. Aujourd'hui que nous disposons de tout cet arsenal de machines et de machins tellement modernes, nous sommes réduits à importer l'essentiel des besoins élémentaires pour notre alimentation. Elle nous provient de ces pays aux grandes potentialités agraires ; comme nous l'étions jadis. Alors pris en flagrante conscience de ratage et d'échecs agricoles, nos responsables se sont mis à concevoir et à accumuler des réformes sans avoir rien réformé du tout de positif. Ils ont créé une multitude d'organisations et de procédures supplétives, supposées compensatoires, mais infructueuses. Le peu d'initiatives individuelles engagées aujourd'hui hors des domaines étatiques sont entreprises avec succès et l'effet d'entraînement peut amplifier les résultats si de vraies mesures canoniques et réfléchies sont décidées hors de toute considération idéologique..., ce que le ministre de l'Agriculture semble vouloir initier tant il n'est pas encore trop tard. A. A.