Le différend, opposant la profession des auto-écoles au ministère des Transports autour des mesures préconisées par ce dernier, et relatives à l'exercice de cette profession, a eu des répercussions pour le moins inattendues cet été. En effet, depuis le mois de juillet et l'annonce, surtout, de l'augmentation des tarifs pour passer le permis de conduire, qui sera de 30 000 DA à compter du 1er septembre, on assiste à Oran à une véritable ruée vers les auto-écoles au nombre de 150 à peu près dans la wilaya. Résultat : la plupart de ces auto-écoles affichent complet jusqu'à la rentrée ; il n'est quasiment plus possible pour d'éventuels candidats de trouver une place disponible, comme nous raconte ce père rencontré dans une auto-école de la périphérie oranaise. “Je suis avec ma fille. Je lui avais promis de la laisser passer le permis de conduire si elle a son bac ; elle nous a fait plaisir sa mère et moi en l'obtenant avec plus de 12/20. Mais maintenant, je n'ai pas pu l'inscrire, et le mois prochain à 30 000 DA, je ne pourrai pas le lui payer !” Déception chez le père comme chez cette jeune fille : “Plusieurs de mes camarades eux aussi n'ont pas pu s'inscrire. Ceux qui ont fait les démarches dès le mois de juin ont eu de la chance.” Jamais situation pareille n'a été vécue ! Passer le permis de conduire est souvent pour beaucoup de jeunes un premier pas vers l'âge adulte, alors que pour d'autres, c'est un moyen de mobilité et d'indépendance facilitant la vie professionnelle. Cela restait malgré tout abordable pour des revenus moyens. Mais les instructions prises par le ministère des Transports pour plus de professionnalisme et de qualité de formation au niveau des auto-écoles montrées du doigt ont eu un effet pervers pour les citoyens, car provoquant une inflation des tarifs. Les mesures énoncées par le ministère des Transports qui concernent, notamment le nombre d'heures de cours à dispenser, l'apprentissage du créneau, etc. ont amené la corporation à revoir à la hausse les tarifs, comme nous l'explique le président du Comité national des auto-écoles : “Le ministère exige désormais que l'on fasse 30 heures de cours par mois. Auparavant, on faisait entre 15 et 18 leçons à raison de 30 et 45 mn la leçon ; les prix étaient aussi aux alentours de 600 DA pour la conduite et 300 DA pour le code de la route, un calcul rapide nous amène à 30 000 DA et même plus. Nous avons signalé au ministère que nous travaillons avec la classe moyenne, et là ce ne sera plus possible pour nos clients éventuels de suivre.” Notre interlocuteur poursuit en expliquant encore que les wilayas n'appliquent pas toutes de la même façon les directives du ministère, créant ainsi la confusion et pénalisant des wilayas par rapport à d'autres. “Il n'y a pas d'harmonie entre les wilayas. Pour appliquer en plus les mesures du ministère, il faut pouvoir disposer de circuit où le candidat sera en sécurité et cela n'existe pas partout”, explique notre interlocuteur. Pour les citoyens, quels que soient les arguments des uns et des autres, ils ont surtout le sentiment d'être les seuls une fois de plus à être pénalisés. F. Boumediene