S'il y a un athlète que les Algériens en général, et les amateurs d'athlétisme en particulier, n'attendaient pas à ce stade de la compétition, c'est bien Nadjim Manseur. Non pas pour une raison relative à ses performances, mais à cause de son jeune âge et de son inexpérience. On ne donnait pas cher de sa peau. Bien que qualifié avec un minima A, contrairement aux trentenaires, repêché avec des minima B, il ne faisait guère partie de la liste des athlètes en mesure de réaliser une bonne performance dans ces jeux Olympiques. Sa présence en finale, il la perçoit comme un rêve qu'il caressait au fond de lui-même. Il fallait le voir tout au long de la course de Nabil Madi pour comprendre qu'il vivait des moments magiques. Recroquevillé sur lui-même, près des stands d'interviews des chaînes de télévision, Manseur avait les yeux rivés sur la piste d'athlétisme sur laquelle Madi menait la course d'une main de maître. Dès qu'il a vu franchir la ligne d'arrivée en 1'45''63, synonyme de sa qualification, il s'est prosterné en signe de reconnaissance à Dieu. Ne pouvant contenir sa joie, il éclatera en sanglots. L'émotion était trop forte pour lui. Plus tard dans la zone mixte, il nous avouera qu'il était sur un nuage. à, la question de savoir qu'est-ce que ça lui faisait d'être finaliste olympique à 20 ans, il répondra : “Je suis très content. Je dois cela à mon travail et mes parents qui m'ont énormément soutenu et encouragé. Sans eux, je n'aurai jamais réussi une telle performance. Je la leur dédie.” Quant à ce qu'il compte faire en finale, Manseur dira : “Je n'ai rien à perdre. Je me défoncerai à fond pour ne pas avoir de regrets.” Et dire qu'il n'a bénéficié d'aucune aide pour se préparer, hormis celle du Comité olympique algérien, qui demeure insuffisante pour un athlète de ce niveau. Quel que soit le résultat en finale, Manseur Nadjim a montré qu'il était de la trempe des grands champions. Il n'y a pas à tergiverser, une prise en charge sérieuse s'impose, comme cela se fait ailleurs. La balle est dans le camp des pouvoirs publics et il n'y a pas de temps à perdre. C'est un investissement sûr en prévision des prochains jeux Olympiques de Londres en 2012.