À l'issue d'une semaine forte en émotions à la convention démocrate de Denver (Colorado, ouest), Barack Obama avait jeudi soir la scène pour lui tout seul. Le discours prononcé par le sénateur de l'Illinois d'une voix souvent grave, parfois poignante mais toujours assurée, il restera sans doute une expression, la “promesse américaine” qu'il s'est engagé à tenir, mais aussi un cri, presque un rugissement : “ça suffit !” Il s'agissait d'une rare manifestation de colère de la part de M. Obama, toujours calme et posé lors de ses apparitions publiques depuis qu'il a entamé sa campagne il y a 19 mois. Mais jeudi soir, le candidat semblait prêt à en découdre avec les républicains d'ici à l'élection du 4 novembre. Dans les tribunes, ceux qui attendaient que M. Obama adopte un ton plus acéré contre John McCain ont apprécié cette mue. “Il a fait ce qu'il avait à faire, pour à la fois parler de politique et motiver” l'assistance, a affirmé Chris Leding, un habitant de Denver. “Les dirigeants doivent être une source d'inspiration, mais ce qu'il nous a montré ce soir est qu'il était prêt à se battre”, selon lui. Le discours d'investiture de M. Obama, au terme d'une convention qui aura vu sa rivale Hillary Clinton concéder sa défaite en sauvant la face, correspondait au 45e anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King “J'ai fait un rêve”, qui disait espérer qu'un jour, les gens seraient jugés sur leur personnalité plutôt que sur la couleur de leur peau. Le réalisateur Spike Lee, un des porte-voix de la communauté noire, a salué “un jour historique dans l'histoire du monde”. “Et que cela arrive le jour de l'anniversaire du discours du Dr King, c'est encore mieux”, a-t-il dit. Pour la déléguée démocrate de New York Caroline Rowan, une Noire de 66 ans, le jour promis par King est arrivé. “Ce jour, je l'espère, signifie qu'un meilleur gouvernement et de meilleurs dirigeants vont arriver. Et c'est comme si le rêve de Martin Luther King devenait enfin vrai.” D. S./Agence