L'historique esplanade Tahtaha de M'dina J'dida à Oran est, comme à chaque rentrée scolaire, le point de ralliement des parents d'élèves en quête de quelques ouvrages scolaires à moindre coût. Cette année encore ne déroge pas à la règle, puisque depuis plusieurs jours déjà, les revendeurs informels, de livres scolaires d'occasion surtout, voient leurs affaires se porter au mieux. Sur place, et malgré la chaleur harassante, le jeûne et l'exiguïté des lieux, des parents arpentent les trottoirs de Tahtaha, à la recherche de l'ouvrage manquant. Pratiquement tous les paliers et toutes les matières sont demandés et recherchés auprès des revendeurs, des sortes de bouquinistes locaux d'un genre particulier, où livres scolaires et parascolaires ont la cote. Les manuels scolaires qui sont proposés sont surtout des ouvrages d'occasion, parfois dans un mauvais état, mais tant pis, le porte-monnaie se porte au plus mal chez les parents d'élèves et les enfants n'auront pas d'autres choix. Acheter neuf auprès des établissements le lot complet des manuels scolaires est, selon les paliers, plus de 1 500 DA pour le primaire, plus de 3 000 DA pour la terminale. Et quand on sait que la moyenne d'enfants scolarisés par famille est de trois, le coût des études est terriblement élevé pour un revenu moyen. Alors, bien que pour cette année certaines modifications dans les programmes des cycles moyens et primaires, aient été annoncées, pour un grand nombre de ménage oranais Tahtaha reste l'unique solution. Maths, physique, arabe, histoire, géographie… , nos revendeurs sont capables de tout leur proposer, même à rajouter sur votre listes, les annales et autres livrets d'exercices, notamment pour les terminales. Il faut dire également que les parents d'élèves, pour ce qui est des manuels scolaires, gardent de très mauvais souvenirs des années précédentes où la gestion, la distribution et la disponibilité des manuels scolaires n'ont pas été des plus saines, comme nous explique une mère de famille venue compléter sa liste d'ouvrages chez les revendeurs informels : “L'année passée, deux de mes enfants ont passé tout le premier trimestre sans livres dans deux matières ! Les directeurs disaient qu'on ne leur avait pas donné tous les livres qu'ils avaient demandés, à l'office on nous disait, c'est eux qui ne sont pas venus chercher leur quota ! ” Et de poursuivre : “Chaque année, on entend la même chose. Il n'y aura plus de problème, les livres sont disponibles d'ores et déjà dans les établissements, mais à chaque fois on constate le contraire”. Un père de famille surenchérit : “Vous allez voir dans quelques jours les livres tout neuf vous les trouverez ici en vente sur le trottoir et dans les écoles il n'y en aura pas !” Eternelles “chikayate” et scepticisme des Algériens, ou au contraire, amer constat et expériences désastreuses. Dans quelques jours tout le monde sera fixé ! F. BOUMEDIENE