Ouvrage frais émoulu des éditions Casbah et publié sous le signe de «promotion des droits de l'homme et inquiétudes» pour apporter un plus d'informations sur deux années décisives d'une longue histoire. Ouvrage frais émoulu des éditions Casbah et publié sous le signe de «promotion des droits de l'homme et inquiétudes» pour apporter un plus d'informations sur deux années décisives d'une longue histoire. Ali Haroun est devenu l'une des figures de proue durant les deux premières années quatre-vingt-dix, années charnières pour le devenir de l'Algérie. En sa qualité d'avocat et d'homme de lettres émérite, cet historique de la première heure a eu le mérite d'innover en créant le ministère des Droits de l'homme qu'il a dirigé, mais hélas ! pour très peu de temps. Le vent de la folie meurtrière a tout balayé, y compris l'espoir. De 1991 à 1992, surtout pendant les quelques mois de Boudiaf, les gens avaient commencé à ressentir un changement en bien ; c'était «L'éclaircie» dont parle l'auteur de ce livre, et qui a été malheureusement éphémère. Depuis ces quelques mois de bonheur de courte durée, des citoyens sensés ont commencé à imaginer ce que serait devenue l'Algérie si elle avait été gouvernée par Boudiaf depuis 1962. Droits de l'homme et inquiétudes Si les droits de l'homme avaient été réhabilités, c'est pour réparer une erreur qui a entraîné le pays dans un abîme sans nom et dans une ambiance dominée par l'islamisme intégriste qui n'avait pas fini de prendre de l'expansion à la faveur d'une ouverture démocratique qui n'était en fait qu'une éclaircie éphémère dans une Algérie plongée dans un orage interminable. «Les droits de l'homme» prédominent dans cet ouvrage en raison des violations qu'ils ont connues depuis l'indépendance, de 1962 à 1992. Ce qui explique l'alternance des affaires : Chabani, Bendifallah, avec celle du FIS qui avait remporté les élections législatives en 1992. Avant les attentats de grande envergure, les gens du FIS s'attaquaient à tout ce qui était incompatible avec leur projet d'instauration d'un Etat islamique pur et dur. A Bou Ismaïl, dit Ali Haroun, en vertu du fameux «Yadjouz, la yadjouz», on a détruit tous les instruments de musique de l'association municipale et expulsé celle-ci des lieux qu'il s'attribue aussitôt. L'Etat islamique qui se profilait à l'horizon était fondé sur le principe : «pas de charte, pas de constitution, Dieu l'a dit, le Prophète l'a dit». 1991 et 1992, deux années déterminantes Beaucoup d'activités politiques et d'efforts déployés pour remettre la machine sur les rails, ce qui s'est passé de 1992 à nos jours en disant long. Mais ne perdons pas de vue que, même si les chapitres du livre se focalisent autour des années 1991-1992 au cours desquelles Ali Haroun a joué un rôle moteur, il y a des retours en arrière pour expliquer des événements marquants d'une longue histoire des droits de l'homme. En 1948, les grands de ce monde ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis l'indépendance, l'Algérie y adhère solennellement en l'inscrivant dans l'article 11 de sa Constitution du 8 septembre 1963. Ce tour d'horizon qui nous apprend beaucoup sur le processus suivi par les droits de l'homme, depuis les origines à nos jours, est d'une lecture enrichissante à tous égards, dans la mesure où l'auteur nous fait découvrir des discours que nous ignorions, comme ceux de la conférence du Lutecia, probablement à Paris et qui a porté en grande partie sur les responsables emprisonnés du FIS. Plus loin, Ali Haroun nous replonge, donc retour en arrière, dans l'atmosphère des élections qui ont fait basculer l'Algérie dans la violence. Le livre nous fait revivre des scènes pénibles, à l'image de celle où un ministre du gouvernement Sid Ahmed Ghozali, la gorge nouée et incapable de poursuivre, s'écroule en pleurs après avoir exprimé ses vifs regrets de voir effacé de la mémoire l'idéal des chouhada.Donc, point de chronologie dans ce livre bien écrit et de grande valeur parce que venant d'un homme d'une crédibilité indiscutable pour nous apporter des éclaircissements sur beaucoup d'événements. Et que d'intérêts suscitent les textes ajoutés en annexe, tel celui de Chadli annonçant sa démission. «Eclaircie» un document historique précieux et à lire attentivement tant les moindres détails sont importants. Abed Boumediene «Eclaircie», Ali Haroun, Casbah Editions, 1991-1992, 2011, 265 pages.