Vittorio Arrigoni, 36 ans, militant propalestinien italien, a été retrouvé mort, pendu, vendredi dans une maison de Gaza. Victime de rivalités interpalestiniennes, ou tout simplement de la nouvelle période de tension dans l'interminable conflit israélo-palestinien. Vittorio Arrigoni, 36 ans, militant propalestinien italien, a été retrouvé mort, pendu, vendredi dans une maison de Gaza. Victime de rivalités interpalestiniennes, ou tout simplement de la nouvelle période de tension dans l'interminable conflit israélo-palestinien. La mort du jeune Italien, dont l'enlèvement avait été revendiqué par un groupe salafiste se réclamant d'Al Qaïda, a semé la consternation dans les territoires palestiniens, et suscité, dès vendredi, une manifestation de protestation à Ramallah, en Cisjordanie. Elle intervient quelques jours seulement après l'assassinat de l'homme de théâtre israélo-palestinien Juliano Mer-Khamis, animateur du théâtre de la Liberté de Jénine, en Cisjordanie, abattu de sept balles dans la tête en sortant de son théâtre. Il avait été régulièrement menacé par les islamistes pour son travail. Avec la flottille contre le blocus sur Gaza Vittorio Arrigoni avait commencé à se rendre en Palestine en 2002 et vivait à Gaza depuis 2009. Il est l'auteur d'un livre intitulé «Rester humain», écrit après la guerre de Gaza en 2008-2009. Il était membre de l'organisation International Solidarity Movement (voir ci-dessous l'annonce de la mort du jeune homme sur le site) auquel appartenait déjà la jeune Américaine Rachel Corrie tuée par un bulldozer israélien lors d'une manifestation à Gaza en 2003. Le nom de Rachel Corrie avait été donné au bateau turc qui avait tenté, l'an dernier, de briser le blocus naval de Gaza et qui avait été intercepté par l'armée israélienne de manière sanglante. Vittorio Arrigoni était sur l'un des navires de cette flottille. Le jeune Italien a été kidnappé jeudi alors qu'il s'apprêtait à quitter Gaza pour retourner en Italie voir sa famille. Un groupe palestinien salafiste, Tawhid and Jihad, a revendiqué l'enlèvement dans une vidéo montrant l'otage les yeux bandés. Il avait demandé la libération de son dirigeant, Hisham Saidini, détenu par le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. Les ravisseurs avaient fixé un ultimatum à vendredi 17 heures, mais pour une raison inconnue, Vittorio Arrigoni a été tué plus tôt. Il n'avait jamais fait état de menaces sur sa vie depuis qu'il vivait à Gaza. Mais, selon l'une de ses amies citée par le New York Times, «il savait qu'il était un empêcheur de tourner en rond». «Il critiquait Israël, le Hamas, tout le monde…» Cet assassinat se produit dans un contexte de fortes tensions entre Israël et le Hamas, qui s'est traduit par de nombreuses victimes ces dernières semaines, jusqu'à une trêve de fait instaurée dimanche dernier. Comme le faisait observer Le Monde vendredi, avant l'annonce de la mort de Vittorio Arrigoni, le Hamas, au pouvoir à Gaza, doit faire face à plusieurs menaces : celles, traditionnelles d'Israël mais aussi du Fatah du président Mahmoud Abbas exclu de Gaza, mais qui contrôle la Cisjordanie. Il doit aussi veiller à la surenchère de l'autre formation islamiste historique, le Djihad islamique, et de ses nouveaux groupes salafistes, ainsi que d'un mouvement de jeunes de la société civile qui en ont assez des divisions interpalestiniennes. «Son assassinat est une honte» Vittorio Arrigoni avait expliqué sa démarche dans une vidéo diffusée après sa mort sur le site de son organisation. Sur les blogs et sites palestiniens, recensés par notre partenaire Global Voices Online, l'émotion est forte. Jared Malsin, un journaliste palestinien, se souvient de ses rencontres avec le jeune Italien, qui avait tatoué le mot «résistance» en arabe sur son bras. «Il incarnait un certain état d'esprit des antifascistes européens des années 30 et 40 qui sont allés combattre et mourir en Italie ou en Espagne. «Je viens d'une famille de partisans», a-t-il dit un jour. «Mes grands-parents ont combattu et sont morts à cause d'une autre occupation, celle des nazis. C'est sans doute dans mon ADN, c'est ce qui me pousse à me battre.» Son assassinat est une honte et une immense tragédie.» Sur son blog, Gaza Diaries of Peace and War, Mohammed Suliman s'en prend à ses assassins : «Je ne peux pas imaginer une seule raison qui pourrait pousser un “Palestinien” à tuer quelqu'un comme Vittorio. Un homme qui a consacré sa vie à combattre l'injustice. Un homme qui a abandonné le luxe de Rome pour venir vivre dans une des régions les plus turbulentes du monde pour dénoncer les atrocités commises par les Israéliens sur les Palestiniens. […] Vittorio a plus fait pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie que ceux qui l'ont assassiné.» Vittorio Arrigoni est le deuxième «martyr» à Gaza de l'International Solidarity Movement, après la mort de Rachel Carrie en 2003. La réalisatrice Simone Bitton avait consacré un film, «Rachel», à la mort de la jeune militante américaine. Rachel Corrie avait été tuée par un bulldozer israélien, tandis que Vittorio Arrigoni a été assassiné par des extrémistes palestiniens, deux facettes d'un conflit plus complexe que jamais. Deux suspects arrêtés, selon le Hamas Deux suspects ont été arrêtés dans l'enquête sur l'enlèvement et le meurtre de l'Italien Vittorio Arrigoni dans la Bande de Gaza, a annoncé samedi un responsable du Hamas, qui contrôle le territoire palestinien. Selon Ihab Ghussein, un porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, les deux suspects étaient encore en cours d'interrogatoire et les autorités recherchent d'autres membres du groupuscule islamiste soupçonné d'avoir perpétré le meurtre. Vittorio Arrigoni, un militant pro-palestinien de 36 ans bien connu dans la Bande de Gaza, a été enlevé jeudi par les membres d'un groupuscule palestinien. Le groupe, se présentant sous le nom de «Monothéisme et Guerre sainte», avait diffusé une vidéo jeudi montrant l'activiste les yeux bandés, avec des coupures au niveau du visage, devant une caméra. Les forces du Hamas ont retrouvé le corps de l'Italien vendredi. G. O.