Après les voitures de «moins de trois ans» importées d'Europe et les véhicules ZH, voilà qu'un nouveau phénomène vient gangrener le marché automobile algérien. Des revendeurs de voitures, avec la complicité de certains concessionnaires, vident les stocks et revendent ces voitures avec des plus-values. L'astuce : une fois les parcs des concessionnaires vidés, le client désireux acheter une voiture «neuve» est obligé, une fois sa commande faite, d'attendre de 6 à 12 mois pour réceptionner son véhicule. Face à cette situation, soit il patiente, soit il se rabat sur les réseaux parallèles. Ces réseaux ne «commercialisent» que certains modèles de voiture, à savoir les Peugeot 207 et 308, les Renault Clio III, Campus, Symbol et Mégane, les Kia Picanto et le nouveau Sportage, et les Polo, Golf, Fabia et Ibiza. Pour constater l'ampleur du «désastre» causé par ces pratiques «malhonnêtes», on s'est mis dans la peau d'un acheteur et visité quelques showrooms. On commence par la marque au losange. Notre choix se porte sur la Symbol. Une fois la facture proforma établie, le commercial après quelques clics de souris nous met en garde : «Monsieur, ce modèle n'est pas disponible. Vous allez devoir attendre jusqu'au mois d'octobre pour avoir votre voiture.» Voyant qu'on est vraiment impatient d'avoir le véhicule, le commercial nous oriente vers un homme d'une trentaine d'années assis dans la salle d'attente : «Si vous voulez avoir rapidement votre voiture, vous voyez l'homme barbu assis à la réception. C'est un revendeur, la semaine dernière il a acheté 30 Symbol. Mais vous devez ajouter une commission de 50 000 DA.» La seconde station fut une concession du constructeur sud-coréen KIA Motors. Nous sommes séduit par la nouvelle Picanto ; le commercial nous avise avant même l'établissement de la facture proforma : «Le délai de livraison est de six mois.» Sans commentaire. Nous nous rendons chez Sovac, importateur de voitures allemandes. Sur place, le vendeur nous signifie qu'on est obligé de patienter quatre mois pour avoir une Polo. Déçu, Nous décidons de faire une virée au grand marché hebdomadaire de l'«occasion» d'El-Harach. À notre grande surprise, contrairement à son appellation (marché de voitures d'occasion), des voitures flambantes neuves occupent l'espace. Seul hic : leurs propriétaires les proposent à des prix qui dépassent de 50 000 à 150 000 DA ceux des concessionnaires. Un des vendeurs nous a même signalé, pour une Kia Picanto, qu'elle est disponible dans plusieurs coloris. «Si cette couleur ne vous plaît pas, j'ai en stock des rouges et des gris.». Selon un habitué de ces pratiques, légales aux yeux de la loi, «on obtient d'importants bénéfices. On achète des voitures neuves et on les revend avec des bénéfices de 50 000 à 150 000 DA, selon le modèle. Il nous suffit juste d'avoir un contact solide chez le concessionnaire. Ce dernier nous permet d'avoir le nombre de véhicules qu'on veut avec des délais de livraison réduits, et des remises importantes. En achetant dix voitures chez le même concessionnaire, il nous accorde une réduction sur le lot acheté allant de 5 à 10% sur le prix du véhicule. Cela provoque l'épuisement des stocks chez les concessions. C'est précisément cette situation qui joue en notre faveur. L'acquéreur d'une voiture, qui se présente chez le concessionnaire, se retrouve contraint de patienter quatre, voire 12 mois, pour la livraison de son véhicule. C'est ainsi qu'il sera contraint de se tourner vers nous». Ce phénomène, rappelons-le, a vu le jour quelque mois après la publication de la loi de finances complémentaire 2009, à travers laquelle l'Etat a voulu mettre de l'ordre dans le marché automobile algérien. Face à cette situation qui prend une tournure alarmante, on se demande pourquoi l'Etat n'intervient pas pour mettre un terme à cette anarchie ? D'autant plus qu'aucune taxe n'est imposée dans ce genre de transaction.