La vaste entreprise que s'est fixée notre pays, la recherche d'un passé culturel, la passionnante, l'exaltante tâche de redécouverte et de rénovation n'écartent pas l'hypothèse des véritables découvertes. Découvertes en ce sens que de nobles figures des mondes scientifique et artistique, dont les valeurs furent étouffées pendant de nombreuses années, ne sont connues actuellement que par quelques cercles, le plus souvent d'amis. Leur tâche est aujourd'hui de divulguer ce qu'ils savent. L'un de ceux-ci a voulu rendre un vibrant hommage au cheikh Abderrahmane Ben El-Haffâf... En réalité, la Genèse portait, à l'origine, le nom d'une ville, celui de Farân. Et ce n'est que plus tard que Scilo lui fut substitué pour cacher le sens des paroles de Jacob. Cette substitution s'explique par le système de numération. Farân et Scilo donnent le même nombre : 330. On a essayé, mais vainement, d'expliquer Scilo par ce système pour appliquer la prophétie à Jésus dont il n'avait pas besoin ; prince et Nazaré en suffisent. «Il y a dans (l'Ancien Testament) quelques exemples de falsifications plus coupables faites dans un intérêt de parti… Le Samaritain a substitué au mot d'Hebal celui de Guérisim, montagne située sur le territoire de Samarie et le passage (Deut, XXVII, 4) ainsi falsifié fut invoqué à l'appui de la construction du Temple». De même, Scilo fut substitué à Farân afin de priver les musulmans d'un témoignage de plus annonçant la mission de Mohammed. 2) Annonce des missions de Jésus et de Mohammed par Moïse La révélation de la prophétie de Mohammed a été consignée deux fois par Moïse, expressément dans le dernier chapitre du Deutéronome et incidemment dans le XVIIe. On a fait l'impossible pour adapter les prédictions de ce chapitre à Jésus. En réalité, elles ne sont applicables qu'à Mohammed et cela ne diminue en rien la prophétie de Jésus. Comme on le verra, elle a été annoncée deux fois par Moïse. Voici les versets du chapitre 18 : - 9) «Quand, Ô Moïse, tu seras entré au pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne, tu n'apprendras point à initier les abominations de ces nations-là (Les Iduméens et les Cananéens).» - 14) «Car ces nations-là, dont tu vas posséder le pays, écoutent les pronostiqueurs et les devins ; mais pour toi, l'Eternel, ton Dieu, ne t'a point permis de faire ainsi.» - 15) «Annonce-leur : l'Eternel, votre Dieu, vous suscitera un Prophète comme moi, d'entre vos frères (les Arabes), c'est lui que vous écouterez.» - 18) «Je leur susciterai du milieu de leurs frères un Prophète semblable à vous ; je lui mettrai mes paroles dans la bouche et il leur dira ce que je lui ordonnerai» - 19) «Que si quelqu'un ne veut pas entendre les paroles que ce Prophète prononcera en mon nom, ce sera moi qui en ferai vengeance.» - 20) «Si un Prophète corrompu par son orgueil entreprend de parler en mon nom et de dire des choses que je ne lui ai point commandé de dire ou s'il parle au nom de dieux étrangers, il sera puni de mort.» Carletti fait à ce sujet l'observation suivante : «Si ce passage est réellement la parole de Dieu et non une forgerie, Mohammed doit être reçu par tous ceux qui admettent la Bible comme un vrai Prophète. Non seulement, il n'est pas mort, mais il a vécu jusqu'à l'âge de 63 ans et a fondé une religion.» On ne peut donner une meilleure réponse à ceux qui accusent Mohammed d'imposture comme le remarque Carletti. D'autant plus que, si imposture il y a, le verset 20 doit s'appliquer à Jésus, puisque, selon les Evangiles, il est mort crucifié et au début de son apostolat. Laissons ceux qui n'ont, pour imposer leurs opinions, que l'injure et passons aux dernières paroles de Moïse. Voici la bénédiction que Moïse donna aux enfants d'Israël avant sa mort : «Il dit : Le Seigneur venu de Sinaï, il s'est levé sur nous de Seïr, il a resplendi de la montagne de Farân et des millions de saints avec lui. Il porte en sa main droite la foi de flamme (...) Il aime les peuples, tous ses saints sont dans sa main, et ceux qui se tiennent à ses pieds recevront ses instructions et sa doctrine.» «Ceci, note De Tassy, désigne évidemment, disent les musulmans, le Pentateuque donné sur le Mont Seïr, l'Evangile sur le Mont Seïr et le Coran sur le Mont Farân, nom générique de toutes les montagnes qui enveloppent La Mecque». Ce n'est pas sur une supposition que les musulmans fondent leur thè-se ; ils l'appuient sur une certitude historique. La Genèse même rapporte qu'Ismaël «habita dans le désert de Farân». Pharân : désert et montagne d'Arabie sur son golfe. Pharân, nom propre d'une campagne, ou contrée, d'une montagne, d'un désert et d'une ville de l'Arabie déserte. Farân : château-haut fortifié. El-Kaçr a un moment de l'histoire de ce château donné ce nom à la chaîne du Hedjaz. Et, comme on le verra plus loin, c'est dans l'une des grottes de cette montagne que la révélation descendit sur Mohammed. A la fin de son testament, Moïse mentionne, pour la deuxième fois, Jésus en ces termes : «Que la bienveillance de celui qui apparut dans le buisson vienne sur la tête de Joseph et sur le sommet de la tête du Nazaréen d'entre ses frères.» Ce verset est la reproduction exacte de celui de Jacob : «Les bénédictions de ton père… seront sur la tête de Joseph et sur le sommet de la tête du Nazaréen d'entre ses frères.» Le Nazaréen de ces deux versets ne pouvait être que Jésus, natif de Nazareth. Aucun Prophète de l'Ancien Testament n'est connu ni ne s'est donné comme tel. Au contraire, les Prophètes ont annoncé que Jésus sera appelé Nazaréen. Mais pour ne pas donner trop d'importance aux promesses d'Israël et de Moïse, les traducteurs modernes ont supprimé radicalement le terme «Nazaréen», surtout dans la version arabe de l'Ancien Testament. En étudiant l'annonce de Mohammed par Jésus, on jugera encore du respect de ces mêmes traducteurs à l'égard des paroles prophétiques. (A suivre)