Dans plusieurs wilayas de l'Est du pays, le parti FLN, tendance Abdelaziz Belkhadem, est mis à mal par les redresseurs de Salah Goudjil. Installés au pouvoir dans les kasmas, ces derniers affirment représenter la majorité des militants. Comme ils se disent investis d'un mandat clair et doté d'une légitimité massive que leur aurait accordée la base. Ce qui expliquerait la démarche qu'ils ont entamée allant dans le sens d'un aggiornamento pour refonder leur parti dans la perspective des prochaines élections locales. C'est le cas à Annaba où 1600 militants, dont des présidents et membres élus de différentes Assemblées populaires communales et Assemblées populaires de wilaya de Annaba les ont ralliés depuis quelques jours. Ce succès annonciateur de la fin du FLN de Abdelaziz Belkhadem, les redresseurs le doivent au talent avec lequel leur leader Salah Goudjil a su exploiter le ressentiment qui hante depuis des années les rapports des militants de la base avec la direction du parti. Il n'aura eu de cesse de désigner à la vindicte un interminable cortège de cadres béniouiouistes qui profitent du système. Maintes fois dénoncés pour leur opportunisme, improductivité et leur mauvaise représentativité des populations dans les institutions élues de la République, ces cadres béniouiouistes n'ont jamais été interpellés par Abdelaziz Belkhadem. Pourtant, bien avant que ne survienne la crise, des membres de la direction du parti avaient fait sonner aux oreilles de ce dernier l'exaspération de la base. Annaba est certainement la wilaya qui a servi d'étincelle au chamboulement au sein du FLN en donnant, dès l'année 2000, forme et langage à cette exaspération assez largement répandue dans les rangs des militants des kasmas. Dix-neuf de ces dernières sur les 20 existantes, soit l'équivalent de 1600 sur les 3 500 militants ayant renouvelé leur carte jusqu'à 2007, ont activé les hostilités contre leur mouhafedh. S'il n'a pas rejoint le rang des redressuers au début de la crise, le reste est dans l'expectative ou a décidé de mettre en veilleuse son militantisme. Via de gesticulations quotidiennes, une minorité occupe encore le siège de la mouhafada. Elle tente de faire croire que le FLN de Belkhadem existe toujours. D'autres wilayas ont suivi pour aiguiser localement l'esprit de rébellion contre la direction du parti. Rapidement, les militants ont réussi à se positionner autour des fondateurs du mouvement de redressement et de l'authenticité mené par Salah Goudjil. La démarche a manifestement trouvé les suffrages de tous les militants. Ceux-ci ont été sensibles à l'idée de dessiner le nouveau parti FLN de la réforme et de la modernité contre celui usé par les opportunistes de l'actuel secrétaire général, qualifié d'illégitime par Salah Goudjil. Au plus fort de la bataille que se livrent les pros Belkhadem et les pros Goudjil, la démarche a séduit beaucoup de militants d'autres partis politiques. Les premiers se sont retrouvés très amoindris par les «désertions». Les seconds ont estimé que leur légitimité est consolidée par le ralliement de centaines de nouveaux partisans, anciennement réfractaires à toute révolution interne. Consolidée par aussi le ralliement en nombre des déçus, mécontents et exaspérés issus d'autres partis. Bien que laminés, les partisans de Belkhadem font de la résistance, mais sans réelle conviction. L'on prendra l'exemple d'Annaba où cette résistance est, d'un côté, mise à mal par le mouhafedh, exclu par la majorité de la base, mais maintenu par Belkhadem. De l'autre par le P/APC d'El Hadjar. L'un et l'autre se livrent une guerre de leadership sans merci. Ce qui expliquerait le communiqué sans queue ni tête récemment émis et la décision de plusieurs centaines de militants de rallier le groupe mené par Guehria Abdelhalim, installé dans la fonction de mouhafedh. Depuis jeudi, ce dernier groupe comptabilise quelque 2000 militants et envisage lancer dans les prochains jours un appel pour la tenue d'un congrès extraordinaire du parti. «Ce congrès permettra aux militants de toutes les régions d'Algérie de découvrir que 80% des membres du comité central que dirige Abdelaziz Belkhadem n'ont jamais milité au FLN ou sont des repris de justice.» C'est justement dans ce cadre que le nouveau mouhafedh des redresseurs FLN a décidé d'installer le siège de sa mouhafada à la rue Benbadis à Annaba.