Affrontements, colère, crachats, insultes, agressivité, vulgarité dans le langage, stupidité, petite délinquance semblent être un phénomène en augmentation chaque année à Bordj Bou Arréridj durant le mois de Ramadhan. «Ces comportements sont loin de refléter l'esprit du mois sacré», a expliqué un imam. Les disputes sont choses courantes dans tous les endroits sans exception, les rues, les magasins, les marchés, les administrations et même dans les mosquées, pendant la journée durant le Ramadhan. Nombreux sont ceux qui prétendent ne pas pouvoir maîtriser leur colère lorsqu'ils jeûnent. Ils prennent le mois sacré comme excuse pour justifier leur mauvaise humeur. Parfois, on assiste à un simple accrochage verbal, mais dans bien des cas, la situation tourne aux coups et blessures. Dans le dialecte local, on qualifie cet état de «m'ramdane». Dans plusieurs mosquées de la région, un nouveau phénomène cause les disputes. C'est un mélange de grossièretés et d'incivilités avec une touche de mauvaise humeur et de nervosité qui provoquent les altercations. Selon un imam, certains fidèles, des nouveaux riches, veulent imposer leurs lois dans la gestion de ces mosquées. Ils veulent des prières courtes, des moments d'attente très brefs et accaparer les premières places (même s'ils viennent en retard). «Durant cette saison chaude, les climatiseurs deviennent plus que nécessaires dans les salles de prières, mais certains de ces gens, éteignent les climatiseurs ou ils ouvrent les fenêtres », dira-t-il. «Ils ne se soucient guère des autres, et plusieurs disputes éclatent à ce sujet. Pour deux ou trois personnes, des centaines de fidèles doivent supporter ces caprices », ajoute notre imam. En effet, ce genre de personnes qui ne paient même pas leurs impôts et font dans l'informel donnent beaucoup d'argent aux mosquées et veulent accaparer ces lieux saints. « Il faut que les imams mettent un peu d'autorité et s'imposent comme seuls responsables au sein de la mosquée», suggère un jeune fidèle de la mosquée Abou Bakeur Essedik de Bordj Bou Arréridj. «Les journées du mois sacré sont difficiles à gérer pour moi et mon entourage, car je me sens très énervé et je me dispute fréquemment avec ma femme et mes enfants à cause du manque de nicotine», explique Farid, un grand fumeur. «Je crie pour rien. J'en suis conscient, mais je n'arrive pas à me contrôler. Il m'arrive de m'accrocher avec des inconnus dans la rue.» «Allah Ghaleb, je suis fait comme ça, je suis nerveux et je suis conscient de cela. Mais c'est ma nature. Rien ni personne ne pourront me changer», se justifie Farid. Fatiha, une infirmière, a expliqué que son mari devient insupportable, surtout durant les dernières heures de la journée avant la rupture du jeûne. «J'essaie de ne pas l'approcher », explique-t-elle. «J'ai subi à plusieurs reprises les affres de sa colère, alors que d'habitude, il est plutôt calme. On a même failli un jour divorcer à cause de sa mauvaise humeur pendant le Ramadhan.» Selon Mohamed, un policier, le nombre de plaintes pour vol augmente durant le mois, mais aussi pour les disputes et les agressions qui deviennent de plus en plus courantes en plein Ramadhan. Beaucoup des personnes interrogées se disent conscientes de leur défaut, mais ne font rien pour s'en débarrasser ! Les sociologues expliquent que ce phénomène de «m'ramdhan» est un état plus psychologique que social. L'énervement, l'angoisse et la colère ressentis pendant le jeûne sont dus surtout au tabagisme et autres facteurs comme la drogue. Les personnes concernées jettent la responsabilité sur le Ramadhan, alors qu'en réalité, elles sont sans scrupules et sans principes. Ceux qui ne se maîtrisent pas pendant le Ramadhan sont des personnes inconscientes qui ont une faible personnalité. Selon un imam, «du point de vue religieux, ces comportements sont loin de refléter l'esprit du Ramadhan, car le jeûne doit reposer sur la maîtrise de soi et le respect des autres, plus que durant les jours ordinaires», explique-t-il Selon Abou Horayra, qu'Allah soit satisfait de lui, le prophète (Qsssl) a dit : «Le jeûne est une protection (contre l'Enfer). Lorsque l'un de vous jeûne, qu'il s'abstienne de se comporter avec grossièreté et de se mettre en colère, et si quelqu'un l'insulte, qu'il dise : ‘'Je jeûne, je jeûne !''» (Boukhari et Mouslim). Selon une autre variante, «lorsque l'un d'entre vous jeûne, qu'il ne se comporte pas avec grossièreté et qu'il ne vocifère pas ; et si quelqu'un l'insulte ou l'agresse, qu'il dise : ‘'Je jeûne, je jeûne !''» (Boukhari et Mouslim). Selon une troisième variante : «N'insulte personne quand tu jeûnes, et si quelqu'un t'insulte, dis : ‘'Je jeûne, je jeûne !'' ». Et si tu es debout, assieds-toi.» (An-Nassaa'i). Selon Abou Horayra, qu'Allah soit satisfait de lui, le prophète (Qsssl) a dit : «Celui qui ne renonce pas au mensonge, aux actes illicites qui en sont la conséquence et à la colère, Allah n'a que faire qu'il renonce à la nourriture et à la boisson.» (Boukhari). Selon Aïcha, qu'Allah soit satisfait d'elle, le prophète, Qsssl, a dit : «Le jeûne est une protection contre l'Enfer. Que celui qui jeûne ne se mette donc pas en colère pendant ce jour. Si quelqu'un s'emporte contre lui, qu'il ne l'injurie pas ni ne l'insulte et qu'il dise : ‘'je jeûne''», [An-Nassaa'i (Al-Albani: Sahih)]. Quand Abou Horayra, qu'Allah soit satisfait de lui, et ses compagnons jeûnaient, ils ne quittaient pas la mosquée et disaient : «Nous purifions notre jeûne.» (Ahmad, Abou Nouaïm).