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Quand l'animation culturelle fait défaut
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Les soirées de Ramadhan à Chlef se distinguent et se diversifient. Le facteur déterminant demeure l'implantation géographique et les moyens de déplacement pour quelques familles.
La wilaya compte plus d'une trentaine de communes, majoritairement dépourvues d'espaces d'animation. Les cafés et les dominos sont les maitres des lieux. Des communes éparpillées et ni de maisons de culture ni de centres de loisirs, alors que les associations sont totalement absentes. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et n'ont que quelques humbles cafés maures à fréquenter. Des communes chanceuses, il y en a. Elles se comptent sur les doigts d'une main, et leurs habitants peuvent jouir de soirées. En soirée, les fidèles confirment leurs observations des rites religieux et les défaillants occasionnels espèrent bénéficier de la large miséricorde du Seigneur. Ils rivalisent dans les prières, les invocations et les lectures du saint Coran. La gent féminine n'est pas en reste, des grappes de femmes et de jeunes filles se rassemblent pour rejoindre les mosquées après le f'tour. Les soirées à Ténès Les soirées dans cette ville millénaire et côtière prennent un caractère particulier durant ce mois. Les familles possèdent un héritage culturel immense. Les aoûtiens, émigrés et citoyens provenant de différentes wilayas savourent longuement les nuits ramadhanesques. Les rues et les boulevards sont envahis par la grande foule après la prière des tarawih. Les cafés à Ténès ne désemplissent guère, et les cafetiers font tout pour attirer le plus grand nombre de clients. Leur nombre est multiplié par deux ou trois comparativement aux autres mois de l'année. Au carré de la Place des martyrs se trouve un café à chaque coin, un lieu d'hommes par excellence. Le service est médiocre alors que les adeptes de ces endroits se contentent d'un thé à la menthe, de café, de boissons fraîches et de friandises, dans l'attente de l'apparition du narguilé. Ce dernier n'a pas encore honoré les lieux et en avant pour les parties de dominos qui règnent jusqu'à l'aube. Une fois au Vieux Ténès, ou La Casbah, comme elle est nommée par quelques uns, le visiteur ressent sur le coup l'authenticité de l'endroit. Les traditions sont absolument respectées par les gens de l'ancienne ville. «Je passe le mois de Ramadhan avec la grande famille. C'est un rite sacré chez nous. Dans l'ensemble, les cinq petites familles sont toutes réunies, même la famille de mon beau-frère résidant en France nous a rejoints», nous a confié Khadidja. Elle nous commente : «Nos soirées sont pleines d'allégresse et de bon augure. Elles sont uniques et les plus palpitantes de toute l'année.» Lors de chaque veillée, les voisines se réunissent dans la cour de la maison, en plein air, elles sont assises à même le sol, autour d'une petite table sur laquelle se trouvent des boissons, une théière, des gâteaux préparés à la maison, des cacahuètes et des fruits de saison. Chacune est accompagnée d'un ouvrage : broderie traditionnelle, masloul, crochet, point de croix... Ces pièces arborent leur personnalité et concrétisent leur fierté, surtout qu'elles excellent en les produisant. La discussion tourne autour de tout et de rien : savoir-faire gastronomique, dernières nouvelles... Pour les jeunes filles, les délices sont les bouqalate. Elles les ont préparées bien avant l'arrivée de ce mois. Elles rivalisent sur la plus belle bouqala. Ce «jeu» nécessite un pot de terre avec deux anses, il est remplit d'eau de rose, et on déclame les poèmes, magiques et divinatoires, dont les sujets sont en relation avec la la joie, l'amour, la tristesse, la séparation et les espoirs. L'officiante entame le jeu par quelques phrases à peine comprises, et ce, dans le but d'éloigner les mauvais esprits. Ensuite, les jeunes filles doivent mettre dans le récipient leurs bagues. Après, elles pensent à une personne de leur choix, et font un nœud à leur mouchoir ou foulard. La maîtresse de la cérémonie récite un poème ou l'improvise, l'assistante plonge la main dans le pot et pêche une bague ; elle demande à qui elle appartient. Dès que la personne est reconnue, l'officiante annonce que le présage dans le poème s'appliquera à elle. Un jeu toujours accompagné par des éclats de rire. Dans un autre registre, la mer est une destination prisée par les familles. ça grouille de monde de l'endroit communément appelé «Plage anglaise» à «La marina», déferlement de familles en quête de liberté et de fraîcheur. Des fillettes nagent drapées d'obscurité. Certains profitent de ces sorties pour s'offrir des sorbets et des jus, c'est le seul endroit où les femmes peuvent s'attabler. A Ténès, il n'existe pas d'autres endroits où les familles sont à l'aise, les lieux exclusivement réservés pour les hommes. Les soirées au chef-lieu de wilaya Les habitants du chef-lieu de wilaya sont les plus gâtés. En l'absence d'un théâtre régional et d'une maison de culture, c'est le musée régional qui abrite les festivités. Les rendez- vous sont fixés après la prière des tarawih, vers 22h. Comme à l'accoutumée, la direction de la culture a concocté un riche programme : pièces théâtrales et soirées musicales animées par des groupes locaux, et des chantres du chaâbi et de l'andalou, genres musicaux tant appréciés, que montre la grande affluence des habitants. Un autre lieu de villégiature pour les Chélifiens : le parc d'attraction de Chorfa qui est aussi un vaste espace forestier. Des centaines de familles viennent de différents endroits pour se distraire et changer d'air. Un endroit calme et sécurisé par les éléments de sécurité omniprésents. C'est le paradis des bambins. Ils s'en donnent à cœur joie sur les différents manèges qui sont tous pris d'assaut. Il y a lieu de noter que, pour l'année en cours, les soirées artistiques ont drainé une foule nombreuse de familles par rapport à l'année écoulée.

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