C'est le branle-bas de combat au niveau des services de la présidence et ceux de la chefferie du gouvernement en réaction à différentes révélations du patronat et différents titres de presse quant à la corruption qui sévit à différents niveaux des structures annexes de la Direction générale des douanes (DGD). Au titre de premières mesures, la chefferie du gouvernement a décidé d'ordonner à la Direction générale des douanes (DGD) d'accélérer les opérations de mutation, réaffectation et fin de mission de plusieurs responsables. Ces opérations concernent, en premier lieu, les directeurs régionaux et leurs adjoints chargés des affaires administratives et techniques. Egalement concernés, les directeurs de wilaya éclaboussés par différentes affaires de contrebande ou suspectés de corruption. De même qu'il a été décidé de mettre un terme à des responsabilités assurées depuis des années par des intérimaires, entre autres les directions régionales des douanes de Annaba et d'Ouargla. Une cinquantaine de cadres issus de grandes écoles et titulaires d'une licence-magister– doctorat auraient été déjà retenus pour être affectés au niveau des DR et DW. Leurs dossiers ont été traités par une commission ad-hoc et avalisés par le ministère des Finances. Le patronat et les différents scandales enregistrés au niveau de différents postes frontaliers dont le tout récent celui de Annaba ont énormément influencé sur le cours des événements. Il faut croire que le patronat n'a pas fait dans la dentelle. D'une certaine manière, il a pratiquement mis en demeure le chef du gouvernement à l'effet de mettre un terme à la corruption sévissant à nos frontières. Elle serait à l'origine des blocages auxquels sont confrontés les opérateurs économiques intéressés par des importations d'équipements liés à des investissements ou à des exportations de produits nationaux. Des affaires scabreuses générées par des cadres de douanes ripoux ont été précisées. D'autres plus ou moins importantes et préjudiciables tant à l'économie nationale qu'au fisc ont été soulignées. D'où la vive réaction de la direction générale des douanes qui a décidé de lancer une grande action de nettoyage de ses rangs. Elle devrait être entamée à partir de ses structures de la région d'Annaba, secouées par plusieurs scandales. La décision de la DGD de ne plus se limiter au seul rapport transmis par sa direction régionale de Annaba pour tirer ses conclusions sur les différentes affaires de trafics et contrebande aux frontières maritimes, terrestres et aériennes de l'extrême Est du pays permet de dire que des «intouchables», il n'y en a plus dans ce corps. Une brochette d'officiers supérieurs des douanes est sur le gril. Des révélations faites par d'autres officiers et brigadiers chargés des visites ou de la brigade ambulante devraient être exploitées dans les prochains jours par cette même DGD. Elles impliquent des douaniers de Annaba dans ce qui ressemble à un large réseau de contrebande de cigarettes, drogue, produits électroniques, électroménagers et pyrotechniques. D'autres opérations du genre pourraient être mises au jour par les enquêteurs de la brigade économique et financière de la police d'Annaba saisie à l'effet d'ouvrir une enquête. La réaction de la DGD trouve sa source dans différents articles de presse sur des faits précis et avérés de contrebande. Bien qu'ils aient été démentis par la DR de Annaba qui a, via un rapport, tenté de les travestir en une simple affaire de fraude, ces faits sont trop importants pour être classés sans suite. La boucle est loin d'être bouclée même s'il a été décidé de dissoudre la section syndicale. Elle est animée par des inspecteurs principaux qui interviennent au titre de «juge et partie» pour sanctionner ou récompenser. Ces deux inspecteurs sont eux-mêmes directement cités dans plusieurs affaires de contrebande. A l'image de celle relative à la tentative d'exportation en contrebande de 800 cartouches de cigarettes, de l'entrée en Algérie via le port de Annaba sans paiement d'aucune taxe de 150 containeurs chargés d'équipements électroménagers importés par un opérateur tunisien. Il y a également cette affaire de véhicules qui au départ d'Algérie étaient de vieux tacots et qui, comme par miracle, se transforment en voitures neuves à leur retour de France. EIles sont admises en Algérie sur la base de Titres de Passage de Douanes (TPD) fournis au départ avec la complicité d'un préposé au système Informatique de Gestion des Douanes. Et ce n'est pas fini ! D'autres faits plus graves ont été portés à la connaissance des services de la présidence de la République par des douaniers intègres dont des syndicalistes. Ce qui a eu pour conséquence de mettre «la mafia des frontières» en zone de grandes turbulences dans la région d'Annaba. Depuis jeudi dernier, précisément, où la direction régionale des douanes et celle de wilaya à Annaba ressemblent à des ruches bourdonnantes. C'est dire que chaque jour apporte son lot d'orages qui, à Annaba, s'abattent avec fréquence et violence sur les principaux animateurs de cette institution chargée d'assurer la sécurité économique du pays. Ils seront plus violents encore dans les prochains jours avec l'arrivée d'une commission d'enquête, qui sera appelée à déterminer avec exactitude les responsabilités dans l'affaire de la contrebande des cigarettes, des TPD, des containeurs pour les suites pénales utiles.