L'artiste peintre Farah Laddi dévoile sa dernière collection de tableaux jusqu'à la fin de ce mois, au niveau du Centre de loisirs scientifiques de Didouche-Mourad à Alger. Intitulée ô verre marin, cette exposition de peintures a drainé une foule assez compacte lors du vernissage mardi dernier. La trentaine de tableaux accrochés aux cimaises montrent un intérêt certain pour le patrimoine ancestral algérois. Les venelles de la Casbah d'Alger occupent une place de choix. Un site qui n'a rien perdu de son charme malgré l'usure de son bâti. Le bleu de la mer et l'aura du soleil donne une dimension particulière à toute œuvre finie. Les couleurs sont à la fois assez vives et chaudes. L'artiste verrier Farah Laddi use et abuse d'illustrations finement travaillées. La couleur de prédilection de l'artiste se devine aisément à travers l'utilisation à volonté de la couleur bleue, se déclinant sous tous ses tons. Les dessins ingénieusement conçus renvoient aux dessins fabuleux des célèbres contes et légendes de l'extrême-Orient d'antan. En témoigne la richesse de couleurs, de formes ainsi que la multitude de détails miniaturisés. Des symboles berbères parsèment l'ensemble des œuvres. «On commence par la signature et les détails avant d'aborder les fonds où la difficulté et la précision du geste», explique-t-elle. Parmi cette flopée d'œuvres réalisées, citons cette série de tableaux consacrés à la main. Une similitude frappante avec la mythique «main de Fatma» ou encore la «khamsa». Cette exposition peut se targuer de posséder une originalité où la plupart des bordures des tableaux où sont minutieusement calligraphiés plus de 120 anciens prénoms de femmes algériennes tels que El-Yakout, Hadjla, Rokia, Khedaouedj, El Aldja, Ghalia… Façon singulière pour l'artiste de ressusciter des noms voués à l'oubli. L'artiste tient à préciser que la symbolique de la main n'est pas intimement liée à celle de la «khamsa» qui, c'est connu depuis la nuit des temps, protège du mauvais œil. «La main crée, explique-t-elle, restaure, détruit parfois mais construit beaucoup». Quant à la présence de la mer agitée dans la totalité de ses œuvres, elle affirme qu'elle ne fait que refléter à la fois la vivacité du vieil Alger et l'inquiétude que chacun devrait avoir sur le sort de son patrimoine architectural. Selon elle, une mer calme représente la sérénité. En revanche, une mer agitée, pleine de vagues, symbolise la vie. «Si j'ai mis souvent la mer en état d'agitation, c'est pour signifier que cette ville est encore en vie et pour dire qu'il y a urgence à améliorer les choses en termes de sauvegarde de son patrimoine architectural et humain.» L'exposition de Farah Laddi procure émotion, nostalgie, subtile fluidité et raffinement miniaturisé. Sa passion du verre lui a été révélée après ses études en écologie marine et de l'aménagement du littoral en écologie marine. Elle a exercé comme décoratrice dans un atelier d'artisanat à Alger depuis 2002.