A moins que le ministère de l'Industrie ne donne rapidement une réponse claire quant à l'application ou non du plan d'investissements proposé par la direction générale ArcelorMittal Annaba pour la réhabilitation de l'outil de production au complexe sidérurgique El-Hadjar, les travailleurs monteront au créneau avant la fin de l'année. Telle est l'interprétation que d'aucun ont accordé à la déclaration faite récemment par Smaïl Kouadria quant à l'impatience des travailleurs de voir entamer la rénovation des installations. Cette impatience est d'autant plus grande avec l'absence de toute information sur l'état d'avancement de l'étude du plan d'investissements en charge de la partie algérienne. Ce statu quo intervient alors que la crise de l'acier a atteint ces derniers mois un niveau sans précédent à travers le monde. Elle a imposé à de grands producteurs de produits sidérurgiques dont le groupe franco-indien ArcelorMittal de mettre en veilleuse de nombreuses unités de production. Pour ne pas gêner ses partenaires algériens, le big-boss indien aurait donné à Vincent le Gouïc, le directeur de sa société d'Annaba, des instructions à l'effet d'éviter toute communication avec l'extérieur sur le dossier plan d'investissements. C'est-à-dire adopter une position de repli sur soi en attendant la réponse des décideurs algériens. Pour nombre d'observateurs, cet attentisme préjudiciable à plus d'un titre n'est pas près de s'achever. Pour l'heure, l'on en est aux grandes manœuvres du côté du ministère algérien de l'Industrie, de la Société de gestion des participations Transolb et du groupe des entreprises algériennes Sider associé au capital social de la société ArcelorMittal Algérie à hauteur de 30% alors que les 70% sont détenus par le franco-indien. «Les négociations avancent pour décider de la mise en route de la convention. Lentement certes, mais elles avancent tout de même. Cependant, je ne peux pas dire si on sera prêt en avril 2012 au cas où un terrain d'entente sera trouvé pour la mise en route de la convention d'investissements», a indiqué un cadre en poste dans une des unités de production au complexe El Hadjar. C'est dire que la bataille que se livrent autour d'une table à Alger tous les partenaires dans la production sidérurgique à ArcelorMittal Annaba ressemble beaucoup plus à une retraite organisée plutôt qu'à une offensive tendant à atteindre les 1,5 million de tonnes de production de l'acier à l'horizon 2015. La crise mondiale de l'acier semble avoir érodé la volonté des uns et des autres. Las de perdre de l'argent dans ses différentes unités dans le monde de production de l'acier dont le niveau est constamment en baisse, le groupe franco-indien ArcelorMittal joue la prudence en Algérie. Il a jusqu'au mois d'avril 2012 pour espérer l'application de la convention d'investissements. Lui qui durant les dix années de partenariat n'a pas de fait de cadeau à l'Etat algérien, il n'en attend pas moins de son partenaire un déblocage des finances nécessaires pour la réhabilitation des installations. Ce qui dément la rumeur selon laquelle le groupe frano-indien chercherait à se débarrasser d'une activité sidérurgique encombrante et déficitaire en Algérie. ArcelorMittal aurait même tourné en dérision l'information selon laquelle il serait intéressé par la rétrocession de la totalité de ses actifs à l'Etat algérien. «Impensable», affirment des cadres au complexe sidérurgique El Hadjar. «Même si le groupe a fermé des unités de production en Belgique, France, au Luxembourg et en Espagne pour réguler le prix à la tonne et que le marché mondial de l'acier est plus que saturé», ont-ils argumenté. Cette situation intervient au moment où, en Algérie, Vincent le Gouïc pense déjà à digérer une production pour l'année 2011 d'à peine 600 000 tonnes d'acier. Or, il avait planifié un peu moins du double (1,1 million/t) au début de la même année. La convention d'investissements rendue public au début du 2e semestre 2011 pour la réhabilitation des installations de production, l'avait rendu plus attentif. D'autant que rien ne s'opposait au crédit de 500 millions d'euros que l'Etat algérien s'était engagé à débloquer mais qu'il tarde à faire. Les accords passés avec le partenaire social pour une trêve sociale tacite figuraient au tableau des indices positifs de bonne reprise de la production.